Depuis que les USA ont pratiquement déclaré l’usage des drones d’intérêt national, ces petits avions sans pilote connaissent un engouement sans précédent. Ils représentent un marché dynamique, au niveau étatique comme au niveau civil. Des combats à la surveillance, ces concentrés de technologies apparaissent comme le futur de certaines opérations mais ils effrayent également face aux craintes concernant les libertés individuelles. Dans le sous-continent, les drones revêtent une image controversée et souvent liée aux raids sanglants de la CIA. Ils ne sont pourtant pas que cela.
En Asie du sud, les drones sont entrés en scène dès 2002, pour participer à l’élimination tactique des Talibans qui pullulent à la frontière afghano-pakistanaise. Une campagne qui s’est intensifiée sous la présidence d’Obama et l’impulsion de la CIA. Si on comptait 52 attaques entre 2004 et 2007, 310 frappes ont été recensées depuis 2008 sur le sol pakistanais. Le Bureau de Journalisme d’Investigation indique que ces frappent ont tués entre 2629 et 3461 personnes. Près de 30% étaient des civils et parmi eux, 176 enfants.
Une politique efficace sur le terrain où aucune perte n’est à déplorée du côté américain – la majorité des drones est contrôlée depuis les rivages ensoleillés de Californie – mais qui suscite d’importantes interrogations sur le caractère extra-judiciaire de ces assassinats, sur le respect de la souveraineté nationale et sur la réelle portée de cette politique. L’usage de drones est un des points de tension qui empoisonne les relations entre les USA et le Pakistan. La dernière crise majeure remonte en novembre 2011 quand des drones avaient tué 24 soldats pakistanais. En représailles à cette bavure, le Pakistan avait fermé ses routes stratégiques aux convois de l’OTAN en direction de l’Afghanistan. Après plusieurs mois de demandes d’excuses, le Pakistan avait finalement mis fin au blocage le 3 juillet dernier.
Les dommages collatéraux sur les civils poussent également de nombreux Pakistanais a rejoindre les rangs des insurgés islamistes. Une vaste enquête sur les attaques de drones au Pakistan, mise en place par l’ONU tend vers cette conclusion. Le juriste britannique, Ben Emmerson pense que ces attaques ne font que radicaliser toute une jeune génération de Pakistanais qui dépeignent dés lors les USA comme leurs pires ennemies sur terre… loin devant l’Inde, l’adversaire héréditaire. Cette haine croit rapidement au sein de la jeunesse. Si les résultats à court-terme semblent indéniables, cette stratégie se pare de nombreuses inconnues pour le futur. Les USA devraient alors revoir leur politique pour éviter des conséquences négatives à long-terme.
Si les drones sont connus pour le pouvoir d’élimination, ils peuvent également aider à la préservation. L’Inde a annoncé ces derniers jours qu’elle allait déployer des drones pour aider à la sauvegarde du très rare rhinocéros unicorne face aux braconniers. Pour la première fois, le pays va utiliser la technologie aérienne pour protéger ce fleuron de sa faune. Dans ce sens, les drones vont donner un nouvelle avantage stratégique aux patrouilles au sol en leur permettant de pouvoir observer sans danger depuis le ciel les activités illicites sur le terrain.
Ces drones survoleront le Parc National de Kaziranga dans le nord-est de l’Inde et permettront de transmettre des images et des vidéos du terrain. Ils pourront suivre une route définie à l’avance durant 90 minutes à une altitude de 200 mètres. La technologie des drones se met au service des rhinocéros unicorne en voie d’extinction en raison des pouvoirs que leur corne est censé contenir et qui intéresse de nombreux marché d’Asie du sud-est et de Chine. En 2012, le parc avait recensé 2290 représentants de cette espèce. Parmi eux, 21 avaient été tués et en 2013, 15 ont déjà été retrouvés sans corne. L’alarme avait été lancée par le gouvernement d’Assam et la réponse du pouvoir central a décidé d’amener la technologie au secours de ces animaux avec l’aide du WWF.
Julien Lathus