L’ONU enquête sur l’usage des drones au Pakistan.

Jeudi, l’ONU a lancé une vaste investigation sur l’usage par les USA des drones et des assassinats ciblés. L’enquête de l’ONU, menée par le rapporteur spécial sur le contre-terrorisme et les droits de l’homme, Ben Emmerson doit se pencher sur le caractère légal du programme …

Jeudi, l’ONU a lancé une vaste investigation sur l’usage par les USA des drones et des assassinats ciblés. L’enquête de l’ONU, menée par le rapporteur spécial sur le contre-terrorisme et les droits de l’homme, Ben Emmerson doit se pencher sur le caractère légal du programme du recours croissant aux drones qui reste encore largement secret. L’enquête doit examiner l’impact des drones sur les populations civiles au Pakistan, mais également en Afghanistan, au Yémen, en Somalie et dans les Territoires Palestiniens.

Drone américain.

« Le but de l’enquête est de faire transparaitre la vérité sur les débats concernant les victimes civiles. La principale lacune de ce débat qui va dorénavant inscrire dans le cadre de l’ONU sur la légalité des drones était marquée par l’absence d’une vérification objective et indépendante des faits» explique Ben Emmerson. Entre 20 à 30 sorties de drones seront sélectionnées comme échantillons de différents types d’attaques pour être étudiées en détail sur des points comme les victimes civiles, l‘identification des militants ciblés et la légalité des tirs dans des pays que l’ONU ne considère pas officiellement comme étant en guerre.

Les résultats de l’enquête seront communiqués au cours de l’Assemblée Générale qui devrait avoir lieu courant septembre 2013. Selon les résultats de l’enquête, des recommandations pourraient être émises mais Emmerson a suggéré que certaines attaques de drones pourraient constituer des crimes de guerre. Il pointe du doigt celles connues sous l’appellation de « coup double » qui ciblent des sauveteurs venus en aide des victimes d’un premier tir.

L’annonce de l’enquête intervient alors que de nombreux responsables américains justifient les tirs de drones au Pakistan, en Somalie et au Yémen comme acceptables dans le cadre de la « Guerre contre la Terreur ». Pourtant, certains dans les cercles administratifs de Washington ont récemment reconnu le besoin de fournir une justification légitime aux yeux de la communauté internationale.

Rassemblement du parti d’Imran Khan contre les drones américains.

La politique d’utilisation des drones par les USA est souvent sujette à des avis partagés dans le monde. Au Pakistan, de fréquentes manifestations contre les drones ont lieu et nourrissent l’anti-américanisme au sein de la population. Entre juin 2004 et septembre 2012, les tirs de drones auraient tué entre 2562 et 3325 personnes au Pakistan, parmi eux, entre 474 et 881 civils. Barack Obama a autorisé près de 300 frappes de drones durant les 4 premières années qu’il a passé à la Maison Blanche. C’est 6 fois plus que sous l’administration Bush.

Le porte-parole du ministère pakistanais des affaires étrangère a rappelé que son pays appelait à une enquête que les assassinats extra-judiciaires causés par les drones ayant entrainé la mort de populations civiles. Moazzam Ali Kahn affirme que les attaques de drones américains dans son pays sont des violations de la souveraineté et de l’intégrité territoriale en ajoutant qu’elles sont illégales, particulièrement improductives et sources d’un problème constant pour le Pakistan.

L’usage de drones est un des points de tension qui empoisonne les relations entre les USA et le Pakistan. La dernière crise majeure remonte en novembre 2011 quand des drones avaient tué 24 soldats pakistanais. En représailles à cette bavure, le Pakistan avait fermé ses routes stratégiques aux convois de l’OTAN en direction de l’Afghanistan. Après plusieurs mois de demandes d’excuses, le Pakistan a finalement mis fin au blocage le 3 juillet dernier.

Sources :

The Atlantic (USA) en VO.

The Express Tribune – International Herald Tribune (Pakistan) en VO.

The Guardian (Royaume-Uni) en VO.

Julien Lathus

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