Cette attaque est-t-elle une réponse à la mort de Sarabjit Singh dans une prison pakistanaise survenue la semaine dernière? Cette fois, c’est un détenu pakistanais qui se trouve entre la vie et la mort après une agression dans une prison indienne du nord du pays. Une affaire qui risque d’empoisonner un peu plus les relations entre les 2 pays à moins que cette tragédie soit l’occasion pour l’Inde et le Pakistan de réviser leur politique sur leurs prisonniers respectifs.
Sanaullah Haq, prisonnier pakistanais incarcéré à la prison indienne de Jammu a été violemment attaqué vendredi par un codétenu dans un contexte encore assez flou mais qui peut sous-entendre un lien avec l’agression de Sarabjit Singh la semaine dernière. Transféré dans un hôpital de Chandigarh, il est dans un profond coma et sous assistance respiratoire, luttant pour rester en vie. Arrêté en 1999, il purge une peine de prison à perpétuité après sa condamnation pour actes de terrorisme. Vendredi, une rixe a éclaté entre lui et Vinod Kumar, un ancien soldat de l’armée indienne, lui aussi condamné à vie. Il semblerait qu’une pioche a été utilisé dans cette attaque.
Depuis, l’ambassadeur pakistanais en Inde lui a rendu visite à 2 reprises dans l’hôpital qui l’accueille et le Premier ministre pakistanais par intérim Mir Hazar Khan Khoso a appelé le chef du gouvernement indien Manmohan Singh à «se pencher personnellement ce grave problème et s’assurer qu’une vaste enquête est menée sur l’incident et que ses auteurs seront déférés devant la justice». «Cette vengeance évidente après la mort du détenu indien, Sarabjit Singh, est condamnable», a de son côté écrit dans un communiqué le ministère pakistanais des Affaires étrangères, qui a demandé l’ouverture d’une enquête de police.
Dans la partie du Cachemire administrée par le Pakistan et dont Sanaullah Haq est originaire, des manifestants sont descendus dans les rues pour crier leur colère face à cette attaque. A Muzzafarabad, près de 200 personnes sont marché en chantant des slogans hostiles à l’Inde et en appelant au jihad contre l’Inde. Le drapeau indien a été brûlé. Les réactions officielles des organisations islamiques ont critiqué cette attaque et ont jugé le Premier ministre indien qui a donné des funérailles d’état pour le prisonnier indien mort la semaine dernière. « Nous sommes pour une action contre les agresseurs de Sarabjit Singh mais l’Inde n’aurait pas dû se lancer dans une telle propagande » explique Hafiz Muhammad Saeed, chef du part Jamaat-ud-Dawa. Sarabjit Singh avait été incinéré avec les honneurs vendredi dans son village situé dans le nord-ouest de l’Inde, où des centaines de manifestants ont scandé «A bas le Pakistan !».
Plus de 700 détenus indiens et pakistanais dans les prisons des 2 pays.
Le ministère indien des Affaires étrangères a proposé une réunion entre des responsables des deux pays pour réfléchir à des mesures permettant d’éviter de «tels incidents tragiques». L’Inde et la Pakistan pourraient faire de cette crise une opportunité en renforçant leurs relations sur le plan des prisonniers. New Delhi a proposé au Pakistan une rencontre sur ce sujet pour s’assurer d’un traitement humain et sécurisé pour les prisonniers des 2 pays. Le Pakistan, en pleine période électorale a fait savoir qu’Islamabad donnerait sa réponse peu après qu’un nouveau gouvernement sera mis en place.
Depuis ces 6 dernières années, une Commission Juridique Indo-Pakistanaise sur les Prisonniers, constituée de 6 anciens juges des 2 pays a visité les prisons des 2 pays. Actuellement 535 Indiens, dont 483 pêcheurs sont incarcérés au Pakistan et 270 Pakistanais sont en prison en Inde. Cette commission a pour objectif de récolté des informations sur eux, de leur permettre un accès consulaire et des facilité dans la visite de leurs familles.
Pour elle, les 2 gouvernements devraient prendre en considération leurs recommandations pour permettre une meilleure coopération. Parmi les mesures proposées, la Commission demande la libération immédiate et dans condition des pêcheurs des 2 pays avec leurs bateaux. Face aux frontières floues, de nombreux pêcheurs traversent la frontière sans s’en rendre compte avant d’être arrêtés par les autorités des 2 pays. Un tel geste dans ce sens serait une avancé significative dans la construction de mesures de confiance entre les 2 pays et permettrait de dissiper les émotions suite aux attaques contre Sarabjit Singh et Sannullah Haq.
Julien Lathus