La saison de la mousson s’achève dans le sous-continent indien au fur et à mesure que les nuages chargés de pluie finissent leur course contre les sommets himalayens. Longue et très pluvieuse, cette mousson s’annonce déjà comme la plus puissante depuis 25 ans et est responsable de la mort d’au moins 1600 personnes rien qu’en Inde. Dans son sillage, la mousson draine quantité d’insectes et de maladies et les récoltes assurant la subsistance de centaines de millions de personnes dépendent également du bon vouloir de la mousson.
Des centaines de morts en Inde
Mardi, le gouvernement indien a rendu public des données concernant les conséquences humaines de cette mousson. Plus de 1600 personnes seraient mortes depuis le mois de juin et les pluies ont été les plus fortes enregistrés depuis 25 ans. Chaque année, la mousson arrive par le sud du pays au mois de juin pour se dissiper contre l’Himalaya dans le courant de septembre. Cette année, néanmoins, elle n’a pas cessé, s’accentuant même ces derniers jours même si les données météorologiques estiment que le phénomène devrait s’arrêter en début de semaine.
Au cours les trois derniers jours de septembre, plus de 100 personnes sont mortes dans le nord du pays en raison des puissantes intempéries qui se sont abattues sur la vallée du Gange. Les états du Bihar et de l’Uttar Pradesh ont été particulièrement touchés tant dans les zones urbaines que dans les campagnes. A Patna, capitale du Bihar, Ranjeev Kumar se lamente. « Le gouvernement ne fait rien pour nous secourir et la situation est vraiment critique ici » explique-t-il. Les responsables politiques expliquent que la majorité des décès sont dû aux effondrements de bâtiments fragilisés par les pluies incessantes qui les frappent.
Pakistan, entre la dengue et l’enfer des mouches
Voisin de l’Inde, le Pakistan a toutefois été bien moins touché par la mousson de cette année. Selon l’Autorité Nationale de Gestion des Catastrophes (ANGC), 272 maisons ont été détruites de part et d’autre du pays et quelques 400 autres ont subis des dommages. On compte également plusieurs routes coupées, quelques ponts écroulés et des magasins ainsi que des mosquées affectés par les intempéries et les crues mais le pays s’inquiète sur un autre pan des conséquence de cette mousson 2019.
Les fortes pluies de ces dernières semaines ont entraîné une résurgence de la dengue, cette maladie virale transmise par les moustiques en milieu urbain. Les autorités pakistanaises évoquent même l’une des pires de l’histoire du pays. Jeudi, Rana Mohammad Safdar, haut responsable à l’Institut National de la Santé a fait état de 20 000 cas recensés qui ont entraîné la mort d’au moins 34 personnes depuis le début de la mousson fin juin. Il souligne néanmoins que les autorités tentent de contenir la dengue en pulvérisant des produits anti-moustiques dans les zones urbaines.
Conséquence de la situation, les Pakistanais sont harcelés jour et nuit par des hordes d’insectes, mouches et moustiques en tête. A Karachi, le quotidien des habitants est devenu un « enfer ». Des pluies diluviennes se sont abattues sur ce mégalopole tentaculaire de 20 millions d’habitants entraînant d’importantes inondations dans plusieurs quartiers de la ville, charriant dans leurs sillages des monceaux d’ordures mêlés au refoulement des égouts. Une situation idéale pour la présence d’insectes.
« Je n’ai jamais vu autant de mouches dans ma vie » s’exclame Abdul Aziz, une habitant de Karachi. « Les nuages de mouches recouvrent la nourriture au marché. C’est répugnant, elle couvrent tant les fruits qu’on ne peut à peine distinguer sous elles » reprend-t-il alors que les clients désertent les marchés et que les maladies se répandent.
« Cette fois, la présence des mouches sont encore pires du fait que l’eau ne peut pas se retirer et que les ordures ne sont pas collectées » regrette Shershah Syed, un chirurgien réputé de Karachi, connu aussi pour ses actions militantes pour une meilleure santé au Pakistan. « Le nombre d’enfants admis à l’hôpital pour des diarrhées et des cas de dysenteries a explosé cette année » ajoute-t-il.
Julien Lathus