Le Sri Lanka épinglé pour « tourisme de guerre ».
Une campagne d’activistes des droits de l’homme dénonce le mauvais goût d’un complexe touristique bâti sur le dernier champ de bataille de la guerre civile sri-lankaise. Pour les promoteurs immobiliers et touristiques, l’opportunité était trop alléchante. Faire du lagon de Nanthi Kadal le nouvel endroit à la mode sur l’île pour que les militaires puissent s’y détendre. A peu de chose près que ce lagon fut le théâtre des dernières opérations de l’armée sri-lankaise contre la rébellion tamoule en 2009. Maintenant, à l’emplacement où les Nations-Unies estiment que près de 10 000 civils ont été tués, des bungalows accueillent des militaires en vacances.
« Appréciez des vacances reposantes et l’air frais du lagon Nanthi Kadal » annonce la page Facebook de Lagoon’s Edge. On y voit néanmoins un mémorial aux victimes de cette guerre civile de plus de 30 ans qui évoque les héros de guerre, les terroristes et les autres morts. « Le tourisme de guerre n’est qu’une question de présentation » analyse Fred Carver de la Campgane Sri-Lankaise pour la Paix et la Justice. « Au Cambodge, par exemple, les charniers sont présentés par les victimes. Quand cela est fait avec honneur, il peut en sortir un rôle sain mais dans ce cas, tout est mis depuis la perspective des vainqueurs : l’armée sri-lankaise. Ce n’est que : venez voir où Prabhakaran (chef des Tigres Tamouls) a été tué. Il n’y a pas la moindre mention des victimes civiles » reprend-t-il.
Les militaires sri-lankais dirigent de nombreuses affaires dans le pays. Sur la page Facebook, on y apprend que tous les repas et les services sont apportés par l’armée et que les visiteurs doivent avoir une recommandation d’un responsable militaire. « Nous sommes inquiets de la manière dont les militaires sont poussés à se lancer dans le tourisme. Ils possèdent déjà plusieurs hôtels, dirigent des excursions pour voir des baleines et des séjours dans les zones naturelles du pays » déclare Fred Carver. « Nous encourageons les touristes à se rendre dans des structures privées et indépendantes plutôt que dans les endroits gérés par les institutions gouvernementales » ajoute-t-il.
En réponse, Neville de Silva, haut-commissaire sri-lankais s’offusque du terme de « tourisme de guerre ». « La simple raison qu’il y a eu un conflit dans la zone ne justifie pas que les touristes n’ont pas le droit de s’y rendre. Le tourisme apporte une ressource pour personnes qui ont été prise au piège du conflit » argumente-t-il.
Après l’Inde, le Népal s’enrage contre les violences faites aux femmes.
Des centaines d’activistes népalaises protestent depuis 8 jours devant la résidence du premier ministre Baburam Bhattarai en demandant une action radicale envers les violences faites aux femmes. La participation gonfle de jour en jour et le mouvement commence à attirer les médias comme l’opinion publique. Le mouvement s’est inspiré de celui indien contre le viol et le meurtre de l’étudiante de New Delhi.
Les manifestations ont éclaté le 28 décembre dernier pour demander justice dans l’affaire Sita Rai (nom d’emprunt). Cette jeune femme de 23 ans a été violée et volé (24 000 $) par des agents de sécurité de l’aéroport international Tribhuvan de Katmandou alors qu’elle arrivait d’Arabie Saoudite. En portant plainte à un policier, ce dernier l’aurait également violé à son tour et lui soutirant le reste de son argent. La victime serait alors enceinte suite à ce sordide épisode. Face à l’indemnisation de 1700 $ offerte par le gouvernement, les manifestants demandent justice.
« Alors que la violence contre les femmes se poursuit, le temps est venu d’exprimer notre ras-le-bol. L’Etat n’a pas été capable de protéger les victimes et de s’assurer qu’elles obtiennent justice » déclare une manifestante. Des revendications ont été soumises au premier ministre dans lesquelles les manifestantes demandent un amendement de la loi sur le viol, une réforme des services de police et des tribunaux. « Nous continuerons les manifestations en maintenant la pression sur le gouvernement jusqu’à ce qu’il se prononce pour enrayer les violences faites aux femmes » lance Mandira Sharma, une juriste militante.
Les violences contre les femmes sont monnaie courante au Népal et une étude conduite par le gouvernement en novembre sur la base de 900 femmes dans 6 districts fait apparaitre que près de la moitié d’entre elles ont eu à faire à des actes de violences.
Visite dans la ville la plus « grincheuse » d’Inde.
Pour finir cette semaine d’actualité, la revue indienne Caravane Magazine nous emmène à Pune, dans le centre de l’Inde que l’auteur Suhit Kelkar considère pour probablement comme la ville la plus grincheuse du pays… « et ses habitants ne sont pas timides dans ce sens ».
« Pour le visiteur qui se rend à Pune, les panneaux omniprésents rédigés en langue marathi ne semblent pas particulièrement retenir son attention. Mais demandez à un autochtone de vous en traduire quelques-uns et vous comprendrez que toutes ces lignes sont des instructions envers le public. Ils expriment également un trait particulier des habitants de Pune : une certaine grossièreté. Sur Tilak Road, on peut lire : Nos enfants ne sont pas bien élevés, ils dégonfleront vos pneus ». Un auteur et directeur de films marathi assure que ces avertissements ne doivent pas être pris à la légère. « Ne faites pas d’erreurs, ils les dégonfleront vraiment » explique-t-il à l’auteur.
En explorant la ville et sa culture de la grossièreté, l’auteur discute avec un businessman local qui lui explique que les gens du coin n’écoutent pas si les choses sont dites poliment. Mais face aux grands discours, rien ne vaut un bon exemple qui semble avoir fait ses preuves dans les rues de Pune. Face à une porte, le panneau « Ce n’est pas une place, alors pas de tension » a été remplacé par un nouveau indiquant : « Je me gare ici car je suis un âne ».
Le modèle de la grossièreté de Pune a été célébré par l’ancien juriste et député-maire de la ville aujourd’hui décédé, P.B. Jog, lui a avait cloué sur sa porte le panneau presque poétique : « Si on ne vous répond pas à la sonnette dans les 10 min partez ». P.B. Jog avait compilé de son vivant une vie de jurons et de grossièretés dans un essai nommé Chroniques de mes Querelles. Les habitants de Pune se souviennent de la manière particulière de faire campagne de cet homme alors qu’il briguait le poste de député-maire de la ville : assis sur une chaise installée sur le toit de sa voiture, un mégaphone à la main et déversant un torrent d’impolitesses à l’égard de ses opposants et de leurs campagnes.
Aujourd’hui, l’esprit rustre de Jog s’incarne dans les panneaux signalétiques de Pune et surtout sur un site internet qui propose des photographies des plus beaux spécimens. Sur Puneri Patya, plus de 1000 panneaux ont été immortalisés et le site reçoit 5000 visiteurs par jour. «Restez à 3 mètres du comptoir si vous êtes au téléphone » sermonne l’un d’eux. « Débrouillez-vous pour l’eau » grince un autre observé dans une échoppe de thé.
Julien Lathus