Bruce Riedel, ancien analyse de la CIA, aujourd’hui enseignant-chercheur relance la question de la résolution du conflit indo-pakistanais lié au Cachemire. Dans son nouveau livre, il place dans ce processus l’importance de l’implication américaine, la fin du jeu du Pakistan avec le terrorisme et les intérêts indiens.
« La résolution de la question du Cachemire apporterait plus de normalité à l’état pakistanais et réduirait ses préoccupations à l’encontre de l’Inde » annonce Bruce Riedel, ancien analyste de la CIA et l’un des architectes de la politique afghano-pakistanaise (Af-Pak) du premier mandat de Barack Obama. Dans son dernier livre : « Avoiding Armageddon : Amercia, India and Pakistan to the Brink and Back », il déclare qu’éliminer les désirs pakistanais de s’engager dans une guerre asymétrique contre l’Inde découragerait également le Pakistan de former des alliances avec les Talibans, le Lashkar-e-Toiba et Al-Qaeda.
Sur la question du Cachemire, qui cristallise les tensions dans la région, il pense que sa résolution retirerait à l’armée pakistanaise un argument majeur de son rôle disproportionné dans les affaires du pays, et permettrait ainsi, le renforcement et la pérennisation d’un régime démocratique au Pakistan.
« L’ancien ambassadeur, Willimla Milam, avait souligné que l’obsession indienne dans la mentalité pakistanaise est l’un des facteurs les plus importants et une variable conséquente dans le futur du Pakistan. La résolution de la question du Cachemire ne résoudra pas toutes les tensions entre les 2 pays, mais leurs conflits sur les autres questions apparaissent nettement moins triviales. Un accord sur le Cachemire inaugurerait une nouvelle ère dans le sous-continent indien et engendrerait des interactions plus productives entre la communauté internationale et le Pakistan. Il pourrait crée un climat pour un rapprochement ingénieux entre l’Inde et le Pakistan et nourrissant leurs interaction par le commerce et l’économie, ce qui transformerait inévitablement la région» écrit-t-il.
Pour Bruce Riedel, aujourd’hui enseignant-chercheur à la prestigieuse Broolings Institution, c’est également dans l’intérêt indien de trouver une solution pour la résolution d’un conflit qui dure depuis plus de 60 ans. « Depuis la guerre du Kargil en 1999, les Indiens sont moins renfermés face à l’implication des USA sur la question dans le sens où Washington penche plus vers la résolution que vers le maintien du statut-quo, ce que l’Inde peut maintenant accepter » lit-t-on.
Pourtant, depuis 2010 et la reprise du dialogue avec le Pakistan, l’Inde reste intransigeante sur le Cachemire. Ce sont fréquemment les politiciens pakistanais qui appellent à la solution de la situation du Cachemire en mettant en avant la résolution de l’ONU qui prévoit un référendum pour trancher le différent. De plus, du côté de la relation entre les USA et l’Inde, la question du Cachemire est devenue un taboue, que Barack Obama peine à faire entendre. Au point qu’on parle d’un désengagement américain sur le sujet.
Le livre explique que c’est surtout sur la position peu claire du Pakistan face aux extrémismes que le dialogue indo-pakistanais butte. « La clé de la coopération indienne dépend de la manière dont les USA font comprendre au Pakistan qu’il y a des lignes rouges sur la question du terrorisme, particulièrement sur celle qui concerne le groupe Lashkar-e-Toiba. Si la présidence du Congrès, Sonia Gandhi et le premier ministre, Manmohan Singh peuvent apporter les éléments permettant au démantèlement de ce groupe, il devrait y avoir une véritable percée politique pour pouvoir enfin parler de paix ».
« Il est dans les intérêts américains de tenter de désamorcer ce conflit persistant qui a entraîné le terrorisme mondial et qui a, à plusieurs reprises, fait planer la menace d’une importante confrontation militaire dans le sous-continent ».
Julien Lathus
1 Comment