« Une solution pour le Cachemire ne vient pas de l’extérieur » : Obama.

Barack Obama s’exprime sur les relations entre l’Inde et le Pakistan. Dans cette dynamique, la question du Cachemire tient le rôle de pivot de la paix ou du conflit. Le président américain cherche à dédouaner la responsabilité de la communauté internationale sur ce problème alors …

Barack Obama s’exprime sur les relations entre l’Inde et le Pakistan. Dans cette dynamique, la question du Cachemire tient le rôle de pivot de la paix ou du conflit. Le président américain cherche à dédouaner la responsabilité de la communauté internationale sur ce problème alors qu’il souhaite plus d’implication des pays pour la stabilisation du Pakistan. Étrange politique ou double jeu de Washington ? Encore une affaire qui risque d’envenimer les relations entre les États-Unis et le Pakistan et de décevoir la population cachemirie.

Barack Obama par Matt Ortega, flickr

Évinçant toute solution venant de « l’étranger » sur la question du Cachemire, le président américain Barack Obama a souligné ce week-end que le contentieux entre l’Inde et le Pakistan ne pouvait se résoudre qu’entre ces deux pays.

« Ce n’est le rôle d’aucune nation, y compris des États-Unis, que de chercher à imposer une solution »  a-t-il déclaré en félicitant le processus de dialogue indo-pakistanais. « Cela dit, les nations doivent faire face à leurs responsabilités et nous avons tous un grand intérêt à ce que le Pakistan reste stable, prospère et démocratique » reprend-t-il.

Le président américain répondait à une question sur l’état des relations entre l’Inde et le Pakistan ainsi que sur le meilleur moyen pour les deux pays de résoudre leurs dossiers bilatéraux, ce qui inclut la question du Cachemire.

Barack Obama déclare accueillir avec intérêt tout dialogue et la réduction des tensions entre l’Inde et le Pakistan qui lui apparait comme un point positif pour l’Asie du sud et le monde. « La visite du président pakistanais en Inde est encourageante (voir article The Indian Papers du 8 avril 2012). Intensifier le commerce et mes contacts entre les peuples indiens et pakistanais peut mener à une plus grande prospérité et une meilleure compréhension des deux parties » explique-t-il.

« Les efforts concédés par New Delhi et Islamabad pour améliorer leurs relations donnent des espoirs pour de plus grands progrès, ce qui inclut une possible visite au Pakistan du premier ministre indien Manmohan Singh » ajoute-t-il.

Le président américain a ensuite répondu à une série de question sur le futur de l’Afghanistan et le rôle de l’Inde dans ce pays, et sur les intérêts américains dans la région Asie-Pacifique. Il a souligné la généreuse contribution de l’Inde qui aide à la formation de la police afghane et qui aide au développement du peuple afghan. L’Inde est le premier pays à avoir forgé un accord de partenariat stratégique avec l’Afghanistan.

Certains analystes voient dans la position américaine la volonté de faire de l’Inde un contre-pouvoir à la puissance militaire et économique de la Chine. Sur ce commentaire, Obama déclare qu’après une décennie dans laquelle les États-Unis s’étaient largement concentrés sur les guerres en Irak et en Afghanistan, il a pris la décision stratégique, du fait du statut de puissance du Pacifique, que les États-Unis se devaient de jouer un plus grand rôle dans le façonnement du futur de l’Asie-Pacifique car cette région est vitale pour la prospérité et la sécurité américaine.

Au Pakistan, les réactions fusent et les groupes séparatistes cachemiris condamnent.

En ce début de semaine, la presse pakistanaise n’a pas loupée les pensées contradictoires de Barack Obama dans ces déclarations du week-end. D’un côté, le président américain préconise que l’Inde et le Pakistan doivent résoudre leurs problèmes bilatéralement, « sans l’intervention extérieure » alors qu’en même temps, il revendique le rôle des nations dans la stabilisation du Pakistan.

Le message est clair : alors que les problèmes internes du Pakistan sont trop gros pour que les nations du monde ne s’y impliquent pas, la relation indo-pakistanaise doit se résoudre entre les deux parties.

Le président Obama oublie pourtant un point important sur la question du Cachemire : la résolution de l’ONU de 1948 qui montre que ce sujet est l’affaire de la communauté internationale, comme de l’Inde et du Pakistan. L’ONU avait prévu un référendum pour fixer l’avenir du Cachemire.

Les intérêts stratégiques américains dans la région restent liés à la relation indo-pakistanaise et la communauté internationale ne devrait pas s’affranchir de la problématique du Cachemire en voulant s’investir davantage dans la stabilisation du Pakistan.

Manifestation à Srinagar en 2008 pour la liberté par ArtisteInconnu, flickr

Au Cachemire, les groupes séparatistes ont exprimé leur surprise face aux déclarations de Barack Obama. « La communauté internationale adopte deux visages face au problème du Cachemire. Si elle est capable de soutenir le droit à l’auto-détermination du Soudan du Sud ou du Timor Orientale, pourquoi ne ferait-t-elle pas de même avec le Cachemire » écrit Syed Ali Shah Geelani, le président de la Conférence Hurriyat (alliance politique de parties pour l’autodétermination) dans un communiqué.

Il est surpris de voir la communauté internationale se désengager de ses promesses sur le Cachemire votés par le Conseil de Sécurité de l’ONU. Il déclare que le peuple cachemiri n’acceptera jamais une solution qui ne soit pas en accord avec ses souhaits et ses aspirations.

Même son de cloche chez président du JKLF (Front de Libération du Jammu-Cachemire), Mohammad Yasin Malik qui affirme que cette déclaration revient à « mettre du sel sur les blessures des Cachemiris ». Il rajoute que les déclarations contradictoires sur des problèmes comme celui du Cachemire revenaient à rendre le monde entier moins sûr.

« Nous voulons notifier à Obama que le Cachemire n’est pas une frontière disputée entre l’Inde et le Pakistan… C’est une question liée à une paix, à une prospérité et à un développement basé sur le long-terme pour le monde, et tout spécialement pour le sous-continent » déclare-t-il dans un communiqué.

En affirmant que l’Inde et le Pakistan ne pourront pas résoudre cette question de manière bilatérale, Malik déclare qu’il est essentiel pour le monde, y compris Islamabad et New Delhi, d’accepter que les Cachemiris soient un parti dans la question et soient impliqués dans la recherche d’une solution durable à ce problème.

Coupé entre l’Inde, le Pakistan et la Chine, le Cachemire fait fréquemment entendre ses aspirations à l’auto-détermination et à la liberté. La répression contre la population par les autorités fait suite à l’insurrection de la région qui s’est accrue depuis 1987. Des dizaines de milliers de civils auraient perdu la vie dans ce conflit qui voit une islamisation croissante en réponse à l’injustice et au désespoir.

Sources :

Firstpost (Inde) en VO ici et ici

The News International (Pakistan) en VO.

 Julien Lathus.

2 Comments

  1. julie

    28 juillet 2012

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