Regain de violence en Afghanistan où depuis le début du mois de novembre, les Talibans intensifient leurs opérations contre les forces de sécurités afghanes au 4 coins du pays. En ciblant des bases militaires ou des camps policiers, qu’ils prennent avec aisance, les Talibans entendent impacter le moral des troupes, souvent composées de jeunes soldats inexpérimentés et déjà en sous nombre.
En novembre une recrudescence des attaques contre des bases
Vendredi 2 novembre, un commando taliban a attaqué une base de police dans la province septentrionale de Faryab. Le commandant de la base et deux soldats ont été tué et les Talibans sont repartis avec 17 prisonniers, des armes et 4 véhicules Humvee. Samedi 3, c’est au sud-est du pays, dans la province d’Uruzgan que des Talibans ont pris d’assaut un poste codirigé par l’armée et la police afghane. Bilan de l’opération : 13 morts et une vingtaine de soldats faits prisonniers.
Tôt dans la matinée du lundi 5 novembre, des Talibans ont attaqué un check-point tenu conjointement par l’armée et la police afghane dans la province orientale de Ghazni, tuant 13 de ses occupants. Pendant les combats, des renforts ont subi des embuscades sur la route menant au check-point assiégé. Mis en place 2 jours auparavant sur une route de ravitaillement majeur, il a été totalement détruit.
Lundi encore, dans la province de Kandahar, ce sont 17 policiers qui ont trouvé la mort dans 3 différents assauts des insurgés talibans. Si ceux de Maruf et d’Arghistan se sont soldés par une retraite des Talibans (30 morts) dont les opérations ont été court-circuitées en raison de fuites, celle de Mandigak a permis aux Talibans de capturer le poste et de le vider de ses équipements. Toujours lundi 5, mais cette fois à l’est, dans la province d’Hérat, ce sont 7 soldats qui ont perdu la vie dans une attaque contre leur camp.
Dans la nuit de lundi à mardi, les Talibans ont pris d’assaut une nouvelle base militaire dans la province de Farah qui borde l’Iran, tuant ou capturant presque l’ensemble du personnel de sécurité présent dans le poste. D’après la chaîne afghane ArianaNews, au moins 20 soldats ont été tués et une trentaine d’autres manquent à l’appel après le raid. On ne compte que 3 survivants. De nombreuses armes et munitions ont été prises par les Talibans qui ont submergé la base après quelques heures de combats.
Deux jours plus tard, le mercredi 7 novembre, trois policiers tombent dans la province de Ghazni dans l’assaut contre un camp de sécurité. A Farah City, capitale de la province de Farah, 2 nouveaux policiers sont tués dans l’attaque de leur camp. Et dans la province de Badghis, un nouveau camp à été assiégé. Bilan : 5 soldats tués, 10 blessés, 3 pris comme prisonniers.
Aux premières heures de ce jeudi 8, ce sont au moins 14 soldats qui ont été tués dans la province de Takhar dans l’attaque de leur base militaire. Ce même jour, au moins 7 autres soldats sont morts dans la province de Kunduz. Les policiers ont également été tués au cours de l’assaut de leur caserne dans les provinces de Ghazni ( 3 morts, 5 blessés) et de Faryab ( 6 morts et 1 prisonnier).
Vers une nouvelle stratégie des Talibans ?
Comme on le voit au fur et à mesure des attaques, les Talibans suivent implacablement leur politique agressive envers les forces de sécurité afghanes, militaires comme policières. Des assauts contre des camps, des bases ou des check-points se déroulent désormais quotidiennement dans les nombreuses zones qui ne sont pas entièrement sous contrôle du gouvernement de Kaboul. Leur soudaine multiplication laisse penser à une stratégie de découragement de la part des Talibans en raison de leur impact sur le moral des troupes afghanes.
Cette stratégie arrive au moment où le gouvernement peine à mobiliser les troupes face à des Talibans plus menaçants que jamais. Selon le dernier rapport en date du SIGAR, l’organisme de surveillance du gouvernement des USA sur le sujet de la reconstruction de l’Afghanistan, jamais depuis l’automne 2012 les forces de sécurité afghanes (militaires et policiers) n’ont été aussi peu nombreuses. « Leur force sont diminuées de 1914 membres depuis cet été et de 8827 membres par rapport à l’automne 2017 » explique le rapport.
Les auteurs du rapport soulignent que cette diminution est dûe à divers facteurs comme la mort des soldats ou policiers, le faible taux de leur réengagement et leurs défections. Toutefois, on y apprend qu’entre le 1er mai et le 1er novembre 2018, 52 % des victimes au sein des forces de sécurité afghanes ont été tuées au cours de combats dans leurs check-points ou leurs bases. En comparaison, les patrouilles sont responsables de 35 % de leurs morts.
Ces chiffres s’expliquent par la diminution des patrouilles et de « l’embunkerisation » des troupes, particulièrement en milieu rural où les Talibans sont les plus actifs. En réponse à cette stratégie des autorités afghanes, les Talibans ciblent désormais les endroits où les militaires et les policiers sont le moins mobiles et le plus concentrés. Les assauts contre ces installations se traduisent généralement par un nombre élevé de victimes parmi les forces loyalistes ; ce qui entame le moral des troupes et empêche les forces de sécurité de voir leur nombre croître à un moment où la présence des Talibans se renforce dans tout le pays.
Julien Lathus