Episode 1 – A la merci du réchauffement climatique.

Pour comprendre la réalité des enjeux mondiaux du réchauffement climatique pourquoi ne pas se rendre dans le sous-continent indien ?

Prenons par exemple le Bangladesh, dont une entreprise vient de remporter un prix pour sa conception d’écoles flottantes. Depuis 2002, la Shidhulai Swanirvar Sangstha Initiative a permis …

Pour comprendre la réalité des enjeux mondiaux du réchauffement climatique pourquoi ne pas se rendre dans le sous-continent indien ?

Prenons par exemple le Bangladesh, dont une entreprise vient de remporter un prix pour sa conception d’écoles flottantes. Depuis 2002, la Shidhulai Swanirvar Sangstha Initiative a permis à plus de 70 000 enfants de pouvoir suivre leurs cours pendant les inondations. Dans ce pays qui s’élève en moyenne à moins de 20 mètres d’altitude et qui accompagne à la mer deux des plus grands fleuves asiatiques, le Gange et le Brahmapoutre, le tiers des 150 millions de Bangladais sont sous la pression permanente des cyclones, de la montée des eaux et de l’érosion de la terre.

Les eaux sont également une menace dévorante pour les 202 îles habitées de l’archipel des Maldives. Pour elles, le changement climatique est synonyme de disparition. C’est donc tout naturellement que sous par présidence de Mohamed Nasheed (2008-2012), ce pays a attiré l’attention du monde par une politique étrangère basée sensibilisation à ces questions urgentes. L’Inde et le Pakistan ne sont pas sans restes. Les deux géants de la zone pourraient subir les graves conséquences de la désertification et de la fonte des glaciers himalayens.

En ce milieu de dernière semaine de débat, la conférence de Doha semble avoir toutes les chances de finir aussi lamentablement que celle de Copenhague en 2008. « Si le climat était une banque, les dirigeants occidentaux l’auraient sauvé » déclarait Hugo Chavez il y a quelques années. « Nous devons faire plus pour sauver la planète des effets du réchauffement climatique » annonce le délégué américain à Doha.  Autant de belles phrases en totale contradiction avec la réalité.

La mondialisation du réchauffement climatique montre de profonds déséquilibres qui sont avant tout économiques. Ils se basent sur un lien de cause à effet entre les puissances économiques qui émettent le plus de CO2 et les nations moins développées qui généralement pèsent moins lourds dans les rejets responsables des troubles climatiques. Si la Chine, les USA et l’UE, les trois plus gros pollueurs (à eux 3, c’est près de 60% des émissions mondiales de CO2) bénéficient de larges territoires pouvant amortir les changements climatiques, ce n’est pas le cas de celui qui se place en 4ème position.  Depuis le début des années 1990, le boom de l’Inde s’est accompagné d’une forte hausse des émissions de CO2. A croissance économique répond invariablement accroissement des rejets.

INDE – Rejet de CO2 et PIB par Perspective Monde – Université de Sherbrooke.

C’est un piège à l’échelle mondiale comme un danger immédiat pour le pays qui affiche l’une des plus grandes biodiversités du monde. Ajoutons à cela que le territoire indien est composé à 69% de régions sèches ou arides et que la population indienne croit de 19 millions d’habitants par an. Cette configuration fait craindre aux spécialistes de la question le scénario catastrophe d’un futur où le dérèglement climatique et la surpopulation auront un impact radical sur toute la région. Il y a quelques années, des observations satellites nous ont appris que 25% de la surface de l’Inde sont en cours de désertification, principalement dans l’ouest, le long de la frontière avec le Pakistan.

INDE – Rejet de CO2 et terres arables par Perspective Monde – Université de Sherbrooke.

BANGLADESH – Rejet de CO2 et terres arables par Perspective Monde – Université de Sherbrooke.

Face à un futur écrit d’avance, la vulnérabilité climatique du sous-continent indien va s’accroitre ses prochaines années. Les rejets que l’homme a produit jusqu’ici auront déjà un impact important dans le réchauffement climatique. Un improbable arrêt de toute émission mondiale de CO2 ne pourrait renverser la donne. La terre pourrait mettre des décennies à traiter nos présents rejets. Entre temps, nous aurons peut-être de souvenirs des Maldives que des cartes postales représentant des îles paradisiaques et le Bangladesh pourrait voir le tiers de son pays engloutit sous les eaux et accuser un bilan humanitaire dépassant l’entendement.

« Les pays développés doivent conduire la lutte contre le changement climatique. Ils ont l’argent, les technologies et portent une responsabilité historique » a déclaré Ban Ki-Moon au cours d’une conférence de presse. Mardi, les ministres d’une centaine de pays sont arrivés à Doha pour faire accélérer les négociations sur le prolongement du protocole de Kyoto. Le but de la communauté internationale est de se doter en 2015 d’un accord impliquant tous les pays, y compris la Chine et les Etats-Unis pour entrer en vigueur en 2020. Face à cette idée, les blocages sont nombreux. Particulièrement la question de l’aide financière à apporter aux pays du Sud.

Les pays en développement demandent une aide de 160 milliards de $ d’ici 2020 pour s’assurer contre les changements climatiques. Mardi, après les Etats-Unis et l’Union Européennes, la Suisse a refusé de s’engager sur un nouveau montant. Le sous-continent devra alors compter sur ses forces vives pour lutter contre la puissance destructrice des changements climatiques. C’est d’autant plus dommageable puisque cette région est un vivier d’innovations technologiques et un laboratoire pour leur mise en pratique.

La suite au prochain épisode.

Sources :

The Hindu (Inde) en VO.

The Peninsula (Qatar) en VO.

A relire :

Série : Le sous-continent indien face aux changements climatiques.

 

Julien Lathus

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