La région de la capitale afghane a été le théâtre ce mardi 17 septembre de deux puissantes explosions dont l’une a frappé les abords d’un meeting électoral du président Ashraf Ghani, en campagne à sa propre réélection. Au moins 48 personnes ont trouvé la mort dans ces deux attaques dont les Talibans ont revendiqué la paternité.
La première attaque s’est déroulée à Charikar, capitale de la province de Parwan à une soixantaine de kilomètres au nord de Kaboul en fin de matinée. Peu après le début du discours du président afghan, un kamikaze sur une moto-piégée a actionné sa charge au niveau d’un check-point érigé à l’entrée du meeting politique. Si le président afghan n’a pas été touché, on dénombre au moins 26 morts et 42 blessés. Selon Abdul Qasim Sanin, chef de l’hopital provincial de Charikar, 11 blessés seraient dans un état critique.
A peine une heure plus tard, c’est cette fois le centre de Kaboul qui est visé. Si peu d’informations ont filtré sur cette deuxième explosion, on sait qu’elle a eu lieu près de l’ambassade américaine et d’un centre de recrutement des forces de sécurité et qu’elle a été perpétrée par un kamikaze à pied. Les autorités locales ont fait état de 22 tués et 38 blessés. Ce secteur de la capitale, l’un des plus sécurisés avait déjà été la cible d’un attentat le 5 septembre dernier au cours duquel un Américain avait été tué et qui avait poussé Donald Trump à déclarer que les pourparlers de paix entre son pays et les Talibans en vue du retrait américain d’Afghanistan étaient « morts ».
Dans un communiqué envoyé aux médias, Zabihullah Mujahid, le porte-parole des Talibans a revendiqué ces deux attaques et a expliqué que celle visant le meeting électoral d’Ashraf Ghani avait pour but de déstabiliser les élections prévues pour le 28 septembre. « Nous avons déjà prévenu les gens de ne pas se rendre aux manifestations politiques. Si ils subissent des pertes, c’est alors de leur responsabilité » explique-t-il dans le communiqué en soulignant le fait que ces meetings étaient des cible de choix en raison de la forte présence militaire qui les protège.
En réponse, le président afghan dont le meeting a été ciblé a déclaré que Twitter que « les Talibans étaient le principal ennemi de notre système républicain ». « Les Talibans ont une fois de plus prouvé qu’ils n’étaient pas intéressés par la paix et la stabilité en Afghanistan » reprend-t-il en ajoutant que les élections auront bien lieu le 28 septembre « pour que le peuple puisse décider de son avenir politique ».
Pour les Afghans, le constat est amer. Presque 18 ans après la chute des Talibans et le déploiement dans le pays des moyens humains et financiers incommensurables alloués à une mission de state-building, ils sont près de 70 % à répondre préférer l’instauration de la paix à la tenue des élections.
Julien Lathus