Communiqué de Gilani entre autosatisfaction et pacifisme avec l’Inde.

Retour médiatique de l’ancien premier ministre du Pakistan, Syed Yousuf Raza Gilani ce samedi. Il s’agit de sa première déclaration publique depuis sa destitution du poste de premier ministre le 19 juin dernier. La cour suprême pakistanaise en avait décidé ainsi face au refus répété …

Retour médiatique de l’ancien premier ministre du Pakistan, Syed Yousuf Raza Gilani ce samedi. Il s’agit de sa première déclaration publique depuis sa destitution du poste de premier ministre le 19 juin dernier. La cour suprême pakistanaise en avait décidé ainsi face au refus répété de Gilani de rouvrir une enquête en Suisse pour des détournements de fonds concernant le président Asif Ali Zardari. Les deux hommes sont tous deux membres du Parti du Peuple Pakistanais, placé au centre-gauche de l’échiquier politique du pays.

Gilani par Salmaan Taseer, flickr

Dans un communiqué, il déclare que la normalisation des relations entre l’Inde et le Pakistan est la clé de la paix et de la prospérité pour les millions de personnes déshérités des deux pays. Il y évoque l’importance primordiale d’établir des ponts entre l’Inde et le Pakistan sur une base faite d’un respect mutuel et d’un intérêt mutuel.

Il y rappelle un entretien de Mohammed Ali Jinnah avec un correspondant étranger, dans lequel le père fondateur du Pakistan affirmait que les relations entre l’Inde et le Pakistan se devaient d’être comme celles des Etats-Unis avec le Canada, tout en soulignant que cela ne compromettait pas la position de l’état pakistanais sur la question du Cachemire.

Gilani rappelle dans ce communiqué que la reprise du processus de paix après les attentats de Bombay en 2008 était son œuvre. En marge du sommet des pays non-alignés de Sharm El Sheikh en 2009, il avait pris l’initiative de rencontrer le premier ministre indien Manmohan Singh. Les deux partis avaient alors décidé de reprendre le processus de paix en s’accordant pour dire que le terrorisme ne prendrait pas en otage le dialogue entre les deux pays.

Il continue ce plaidoyer en réaffirmant son travail de pacificateur par des rencontres avec l’Inde en marge des sommets de la SAARC (Association Sud-Asiatique pour la Coopération Régionale), à Thimpu au Bhoutan ou aux Maldives. Il poursuit en déclarant que ces rencontres ont permis l’élaboration de nombreuses mesures de confiances entre les deux pays.

Au cours de celui qui s’était tenu aux Maldives en 2011, il se remémore le communiqué de presse établi conjointement avec son homologue indien, Manmohan Singh, « un homme de paix », qui déclarait que les deux pays allaient entamer des négociations sur tous les dossiers, y compris sur le Cachemire.

Dans cette démarche d’autosatisfaction en forme de bilan politique qui ne voit que les bons points, il glorifie sa vision de l’augmentation des flux commerciaux entre l’Inde et le Pakistan comme le signe de la normalisation des liens entre les deux pays.

Ce communiqué montre bien évidement une part importante des initiatives prises par Gilani pour normaliser les liens de son pays avec l’Inde. Toutes semblent avoir un caractère volontaire et indéniablement pacifique. Il reste néanmoins que la teneur de ce communiqué reste marquée par l’amertume de sa destitution. Il compense largement sa déception en s’autoglorifiant du rôle de pacificateur, qu’il n’a cette fois-ci pas volé.

Source :

Dawn (Pakistan) en VO.

Julien Lathus

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