Alors que de nombreux journaux du sous-continent évoquent la possibilité d’un transfert du pouvoir de l’organisation terroriste vers le Yémen, à la suite de la mort du numéro 2 d’Al-Qaida, la ministre des affaires étrangères, Hina Rabbani Khar rejette les allégations du secrétaire à la défense américain Leon Panetta selon lesquelles le Pakistan serait un refuge pour les militants islamiques.
Selon des officiels américains du contre-terrorisme, la mort du Libyen Abu Yahya al-Libi pourrait accélérer le processus de transfert de pouvoir d’Al-Qaida du Pakistan vers le Yémen. Pour le moment, Ayman al-Zawahri, le chef de l’organisation islamique aurait toujours le pouvoir en main, qu’il a consolidé depuis la mort de Bin Laden. Néanmoins, la structure hiérarchique du terrorisme global pourrait changer.
La mort d’al-Libi dans une attaque de drones la semaine dernière pourrait disloquer les liens entre les leaders au Pakistan et en Afrique comme au Moyen-Orient. Sa mort pourrait également augmenter la violence chez la jeune garde qui chercherait à s’emparer de la tête de l’organisation.
Dans des documents saisis par l’US Navy à Abottabad, Bin Laden, lui-même s’inquiétait de « l’essor de petits chefs qui n’ont pas d’expérience et qui pourraient faire des erreurs ». Les spécialistes du contre-terrorisme américain déclarent qu’al-Libi jouait un rôle de pivot en tant qu’idéologue de l’organisation et s’efforçait de transmettre un message unique. Il s’assurait aussi que les jeunes combattants dans les franchises d’Al-Qaida restent dans sa ligne.
Certains analystes pensent que le changement de pouvoir pourrait entrainer une vague de violence et plus d’attaques. « Ce qui vient après est une génération dont les positions idéologiques sont plus virulentes et qui, en raison de l’extinction des anciennes figures sont moins à même de restreindre leurs actions » explique Leah Farrall, spécialiste et analyste du contre-terrorisme pour la police fédérale australienne.
Réaction de la ministre pakistanaise des affaires étrangères.
Suite aux récents commentaires du secrétaire à la défense américain, Leon Panetta, le Pakistan a rejeté les accusations comme quoi le pays serait un refuge pour les militants.
« Nous pensons que le secrétaire à la défense a simplifié quelques questions extrêmement complexes alors que nous mettons tout en œuvre pour lutter contre l’extrémisme et le terrorisme » a déclaré la ministre des affaires étrangères du Pakistan, Hina Rabbani Khar dans un communiqué. « Nous croyons sincèrement que de telles allégations sont déplacées et sans effet pour amener la paix et la stabilité dans la région ».
Jeudi, durant sa visite en Afghanistan, Leon Panetta a affirmé que les efforts de stabilisation de l’Afghanistan resteront difficiles tant que le Pakistan sera un refuge sûr pour les militants. « Il est important pour le Pakistan d’avancer sur ce dossier. C’est un problème grandissant… et non atteignons les limites de notre patience » avait-t-il déclaré sur un ton jamais senti chez un officiel américain à l’égard du Pakistan.
Les officiels américains décrivent souvent le Pakistan comme un partenaire douteux dans la lutte contre les Talibans et demandent toujours des actions plus fortes contre les groupes de militants installés dans les zones tribales.
Les États-Unis veulent que le Pakistan s’attaque au groupe Haqqani, suspecté d’être proche d’Al-Qaida et accusé d’attaques meurtrières contre les forces occidentales en Afghanistan.
« Le Pakistan répète qu’il ne tolère pas que son territoire soit utilisé contre un autre, ni qu’il y ait des refuges pour les groupes islamiques » a réaffirmé la ministre pakistanaise ce samedi, en ajoutant qu’Islamabad suivrait son propre calendrier et ses propres stratégies dans la lutte contre les groupes militants.
Sources :
Dawn (Pakistan) en VO.
The Nation (Pakistan) en VO.
The Times of India (Inde) en VO.
Julien Lathus