Cette dernière quinzaine a été marquée par d’importants retournements de situation pour le sous-continent. Parallèlement au réchauffement des relations entre l’Inde et le Pakistan, l’arrestation d’Abu Hamza a jeté un certain froid.
Alors que les deux pays n’ont pas réussi à s’entendre sur le règlement de la question territoriale de l’estuaire de Sir Creek, probablement le dossier le plus simple de leur contentieux (voir article The Indian Papers du 23 juin 2012) et que les rencontres entre les deux pays se suivent sans résultats probants, le spectre des attentats de Bombay est revenu à la charge.
L’Inde n’avait jamais cessé de demander au Pakistan de traduire devant la justice Hafiz Saeed, le chef de l’organisation Jamaatud Dawa, dont l’implication est fortement soupçonnée dans ces attaques de novembre 2008.
L’interrogatoire d’Abu Hamza aurait révélé la participation directe de l’état pakistanais et surtout de ses services secrets, l’ISI (voir article The Indian Papers du 28 juin 2012). Etat dans l’Etat, l’ISI est connu pour ses positions parfois contraires aux décisions gouvernementales et pour ses liens plus ou moins fort avec les groupes islamistes.
Nous devons maintenant nous interroger sur l’impact de ces révélations dans le processus de normalisation des liens entre l’Inde et le Pakistan. Même si l’Inde a confirmé la tenue de la rencontre entre les ministres des affaires étrangères des deux pays à New Delhi les 4 et 5 juillet prochain, le Pakistan ne devra t-il pas intercéder plus profondément aux exigences indiennes concernant les groupes terroristes qui agissent depuis son territoire ? Le dialogue entre les deux pays et la volonté indienne et pakistanaise de régler leurs contentieux territoriaux auront-t-ils comme nouvelle donne ce paramètre ?
La question de l’opinion publique sur les relations entre les deux pays refait également surface cette semaine avec la publication du rapport de l’institut controversé américain Pew Global Attitudes Project ce mercredi.
Il y apparait que les ¾ des Pakistanais ont une opinion défavorable à propos de l’Inde alors qu’ils étaient 50 % de cet avis en 2006. Pour eux, l’Inde apparait comme un plus grand danger que les Talibans ou même Al-Qaida. Parallèlement, les 2/3 des Indiens ont un regard défavorable sur le Pakistan. Malgré ces chiffres, l’enquête démontre que 70 % des Indiens et 62 % des Pakistanais interrogés estiment qu’il est important pour les deux pays de poursuivre leurs efforts de normalisation de leur relation.
Les prochains rendez-vous seront alors un test pour éprouver la solidité du dialogue indo-pakistanais. Il reste néanmoins peu probable de voir de grandes avancées sur les dossiers les plus importants.
Julien Lathus.