Début mars, des dizaines de milliers de villageois ont lancé une marche sur Delhi pour protester contre la pollution de la rivière Yamuna et faire pression sur le gouvernement face à l’ampleur des dégâts. Cette rivière sacrée du nord de l’Inde est l’une des plus polluées du pays. Ils sont arrivés lundi à Delhi.
Au départ de Vrindaban, près de la ville sainte de Mathura, connue pour être le lieu de naissance du dieu Krishna, cette marche a rejoint Delhi après 140 km et s’est installé dans un champ. Ces femmes, ces hommes et ces enfants sont pour la plupart originaires d’Uttar Pradesh. A leur tête, Yamuna Rakashak Dal du Groupe Sauvons la Yamuna, composé de fermiers et d’adeptes de Man Mandir, une organisation religieuse de Vrindaban.
La Yamuna descend des glaciers himalayens et traverse le nord de l’Inde avant de rejoindre le Gange au niveau d’Allahabad. Entre les barrages de Wazirabad et de Okhla, au sud de New Delhi apparaît la portion la plus polluée, longue de 22 km. Près de la moitié des égouts de la capitale indienne et de ses 16 millions d’habitants se déversent dans ce fleuve.
« Nos 2 principales demandes sont de laisser le fleuve couler sans restriction et que les eaux polluées de New Delhi ne s’y déversent pas » explique Radha Kant Shastry, l’un des organisateurs de la marche pour sauver la Yamuna. « Le gouvernement devrait construire des canaux d’interception le long de la rivière à Delhi. A partir du barrage de Wazirabad, ce ne sont pas les eaux de la Yamuna qui coulent. Seulement les égouts de Delhi. La plus grosse partie de l’eau est déviée pour l’irrigation agricole de l’état d’Haryana ? Le reste est consommé par la population de Delhi » regrette-t-il.
Il espère que lui et ses compagnons ne rentreront chez eux que lorsque leurs demandes seront exaucées. Lundi, Meira Kumar, porte-parole de l’Assemblée indienne a affirmé que la chambre-basse du Parlement devait envoyer un message aux manifestants en leur indiquant que l’Institution prend ce problème au sérieux tout en devant promettre de futures actions.
A Delhi, 52 % des rejets d’égouts ne sont pas traités. Une étude gouvernementale conduite en 2009 montre que le volume en oxygénation dans les prélèvements de la capitale est à zéro alors que les demandes biologiques sont de 23, ce qui entraîne la destruction de tout l’écosystème. En comparaison, à quelques kilomètres en amont de Delhi, ce volume en est de 9,4 pour des besoins proches de zéro.
Le gouvernement a dépensé près de 239 millions de $ pour réduire la pollution de la rivière avec le Plan d’Action pour la Yamuna. Depuis 1993 et la mise en place du plan, les résultats sont catastrophiques. En 2009, le ministre de l’environnement, Jairam Ramesh indiquait devant le Parlement qu’à la question de savoir si la Yamuna était plus propre qu’il y a 20 ans, la réponse était non.
Julien Lathus