Depuis quelques jours, Indiens et Chinois se regardent en chien de faïence dans une région reculée de l’Himalaya qui concentre les revendications territoriales des 2 géants asiatiques. Le 15 avril dernier, des militaires chinois auraient installé un camp provisoire, enfoncé à 10 km à l’intérieur d’un territoire revendiqué par l’Inde dans le Ladakh, au nord-ouest de l’Inde.
Dans cette partie du grand Cachemire, que l’Inde et le Pakistan se disputent également, l’Inde et le Chine n’ont jamais formellement défini la frontière. Les 2 pays revendiquent ce territoire depuis la guerre sino-indienne de 1962. Depuis, des accords signés en 1993 et en 1996 sont censés garder le calme dans cette zone.
Mardi, le ministre indien des affaires étrangères, Salman Khurshid a demandé à la Chine de retirer ses troupes après cette incrustation supposée alors que la Chine nie avoir traversé la frontière. « Nous avons demandé à la Chine de maintenir le statut-quo dans ce secteur » indique le porte-parole du ministère indien en précisant que l’ambassadeur chinois avait été convoqué par le gouvernement indien.
En réponse, la Chine indique par la voix de la porte-parole diplomatique chinoise que « ses troupes patrouillent du côté chinois de la Ligne de Contrôle actuelle et qu’elles n’ont jamais violé cette ligne ». « Nous ne sommes pas d’accord avec vos accusations de provocation de notre part ». Lundi, le ministre indien de la défense, A.K. Antony a déclaré que « l’Inde protégera ses intérêts » alors que ses soldats se sont placés dans un camp temporaire à 500 mètres des troupes chinoises.
Dans la presse, l’Inde s’interroge sur la manière de répondre à la Chine, d’autant plus que le pays voit d’un mauvais œil les prétentions chinoises sur son espace d’influence. The Hindu préconise une certaine retenue en rappelant les phrases du président chinois, Xi Jinping au premier ministre indien, Manmohan Singh le mois dernier au cours du Sommet des BRICS de Durban. « Nos deux pays doivent intensifier leurs échanges et permettre une plus grande coopération militaire et sécuritaire. Nous devons trouver une réponse équitable et raisonnable à nos litiges territoriaux au plus vite. Nos 2 pays doivent poursuivre le maintien de la paix dans les régions frontalières et prévenir tout incident qui affecterait nos relations » déclarait-t-il alors à l’attention de l’Inde.
Pourtant, le grand quotidien indien indique que cette frontières est traversée plusieurs fois par an en raison de ses contours peu clairs mais que cette dernière incursion peut avoir une certaine incidence face à la politique de réchauffement des relations sino-indiennes.
De son côté, OneIndia remarque les menaces belliqueuses des autres journaux indiens qui titraient « Pourquoi ne mettons-nous pas en garde la Chine » ou encore « L’Inde devrait adopter une position forte », tout en affirmant que ces titres sont une simplification des questions de politiques étrangères sur lesquelles l’Inde n’a pas établi de priorité. Le journal en ligne s’interroge plutôt sur la confusion que l’Inde montre quand il s’agit de négocier avec la Chine, établie sur une vision manichéenne qui ne tient pas dans un monde globalisé.
Pour l’auteur, il n’y a peu de chances pour que l’Inde et la Chine s’engagent dans une guerre ouverte, mais il remarque que la Chine s’est arrangé pour obtenir une victoire psychologique dans le sens où l’Inde ne sait pas réagir face à la Chine.
Ce jeudi, alors que les médias indiquent que 2 hélicoptères chinois ont pénétré l’espace aérien indien, le ministre indien des affaires étrangères, Salman Khurshid a déclaré qu’il maintiendrait sa visite à Pékin le 9 mai prochain. Il a profité de cette annonce pour exprimer sa confiance dans le fait que l’Inde et la Chine seront capables de résoudre cette situation provoquée par l’incursion de troupes chinoises dans le territoire indien.
Julien Lathus.
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