Revue de presse du 10 au 16 juin (spéciale Himalaya)

Ce dimanche prenons un peu de hauteur pour rejoindre l’une des plus grandes chaînes de montagnes au monde. De la mise à l’écart des femmes durant leurs périodes mensuelles dans l’ouest du Népal au processus de démocratisation du petit royaume du Bhoutan, une revue de …

Ce dimanche prenons un peu de hauteur pour rejoindre l’une des plus grandes chaînes de montagnes au monde. De la mise à l’écart des femmes durant leurs périodes mensuelles dans l’ouest du Népal au processus de démocratisation du petit royaume du Bhoutan, une revue de presse dédiée à l’Himalaya. Avant de rejoindre les collines escarpées et les montagnes, faisons un grand bond vers le sud avec la phrase de la semaine, en provenance du Sri Lanka.

La phrase de la semaine.

PIX  BY RUKMAL  GAMAGE« Nous sommes en pleine dynamique de reconstruction de tout ce qui a été détruit durant les 30 dernières années. Vous devez tous protéger cet effort ».

En déplacement à Kilinochchi, l’ancienne capitale administrative des Tigres Tamouls dans le nord du Sri Lanka, le président Mahinda Rajapaksa s’est engager à tenir des élections provinciales tant attendues en septembre dans les anciens bastions de la rébellion tamoule et promettant un vaste programme de reconstruction dans cette zone dévastée par plus de 30 ans de guerre civile.

Au Népal, des femmes ostracisées tous les mois.

Dans l’ouest du Népal, une pratique traditionnelle consiste à isoler les femmes durant leurs règles. Ce rituel nommé Chaupadi trouve ses racines dans l’hindouisme. Selon le précepte flou des Védas, une femme doit être isolée durant ses mensurations. Tombée aux oubliettes du temps, le rituel se maintient toujours dans la petite ville d’Achham.

Dans l'hindouisme traditionnel, les femmes sont isolées du reste de la société et logent dans des petits abris durant leurs règles.

Dans l’hindouisme traditionnel, les femmes sont isolées du reste de la société et logent dans des petits abris durant leurs règles.

Pour India Ink, le blog dédié à l’Inde du prestigieux New York Times, Allyn Gaestel s’est rendue dans cette localité au pied des plus hautes montagnes pour rapporter des faits édifiants sur cette pratique qui traumatise de nombreuses femmes.

A proximité d’une ancienne étable abandonnée, une jeune mère dort dans un petit cabanon fait de terre. Dans cet abri de fortune, elle fut violée mais pour elle se n’est pas étrange d’être à cet endroit fait de violentes mémoires puisqu’elle y dort à chaque fois qu’elle à ses menstruations. Durant cette période, les femmes deviennent impures aux yeux de cette société baignée d’hindouisme traditionnelle et rigoriste. Elles sont alors isolées dans ces abris nommés « goths ». Pour la communauté, la rupture de cette tradition s’accompagnerait de malédictions : les animaux agoniseraient ou des serpents tomberaient du plafond.

Isolées et vulnérables, il arrive souvent qu’elles meurent asphyxiées par le feu destiné à réchauffer leurs abris. D’autres sont violées, mordues par des serpents ou tourmentées par des chacals. Face à la situation, des activistes des droits des femmes ont attiré l’attention du Népal sur cette pratique et en 2005, la Cour Suprême de Katmandou a déclaré ce rituel comme étant une pratique illégale. Néanmoins, Achham est très loin de la capitale et demeure enclavée. Malgré les dangers et le rejet, de nombreuses femmes, comme celle rencontrée par la journaliste ne peuvent imaginer leur vie sans cet interlude sociale de quelques jours par mois. « Ici, les choses sont faites en accord avec la Tradition » déclare-t-elle. « Si j’ai une fille, les choses ne se feront pas différemment. Je l’enverrai au goth ».

Expériences démocratiques au Bhoutan.

Face aux autres pays d’Asie du Sud, le Bhoutan fait toujours les choses de manière différente et rien n’illustre mieux cette distinction que la manière dont le pays dirige sa transition démocratique. A nouveau pour India Ink, Omair Ahmad s’est rendu dans le royaume bouddhiste pour y observer les spécialités locales de la marche vers la démocratie.

On vote dans le pays des "Terres du Dragon Tonnerre" pour une transition démocratique pacifique.

On vote dans le pays des « Terres du Dragon Tonnerre » pour une transition démocratique pacifique.

Alors que chez son voisin indien comme au Pakistan ou au Bangladesh, les campagnes électorales s’accompagnent de posters colorées et de graffitis politiques nombreux, le Bhoutan se distingue par l’absence de communication visuelle dans les rues. La démocratisation du pays a été décidé par le roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuck qui souhaitait donner au peuple plus de pouvoir en 2007. Cette année, les secondes élections ont lieu et après le premier tour du 31 mai, le second interviendra le 13 juillet prochain.

En 2007, pour rendre ce système électoral compréhensible par la population, une parodie électorale à été mise en place avec 4 partis. Des couleurs ont été données aux différents partis selon les valeurs qu’ils incarnaient. Le bleu pour la transparence et l’équité, le vert pour l’environnement, le rouge pour le développement et l’industrialisation et le jaune pour les valeurs traditionnelles. Dans ce simulacre, c’est ce dernier parti qui a remporté 46 des 47 sièges à pourvoir au Parlement.

Lors des vraies élections de 2008, même tendance que l’année précédente, le parti pour la Paix et la Prospérité du Bhoutan a remporté 45 des 47 sièges. Malgré le succès de ces élections, la popularité de la monarchie reste intacte et elles illustrent une transition démocratique différente de ce qui se fait dans la région. Sous le mandat du premier ministre Jigmi Yoezer Thinley, la communication s’est améliorée, tout comme les services de santé. La démocratisation s’est également parée de machinations politiques et de corruption. Choses inconnues dans le pays jusqu’à ici.

Le second tour de juillet est un vrai test pour la démocratie du Bhoutan. Il opposera le parti pour la Paix et la Prospérité du Bhoutan, crédité de 40 % des votes au premier tour au parti Démocratique du Peuple qui a reçu 30 % des votes en mai. Pour les 700 000 habitants du Bhoutan, la cohésion interne est la principale source de questions. Souvent les transitions démocratiques s’accompagnent de violence et le prix à payer est souvent élevé pour la population mais le Bhoutan affiche une transition pacifique dans un cadre étonnant de stabilité, à l’image de la quiétude de ce petit royaume himalayen.

Julien Lathus

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