Alors que le sommet tenu à Chicago s’est terminé hier soir, les USA et le Pakistan n’ont pu trouver un accord sur la réouverture des routes pour les convois de l’OTAN. Quelques heures avant le début du sommet, l’ambassadrice pakistanaise à Washington, Sherry Rehman avait demandé à l’administration américaine d’accéder à 5 demandes dans le but de sauver les relations entre les deux pays.
En assurant qu’Islamabad avait fait un premier pas en travaillant sur la réouverture des routes pakistanaises en direction de l’Afghanistan, elle a souhaité voir les USA s’excuser pour les tirs de drones qui ont tué 24 soldats pakistanais en novembre 2011.
Dans son article au Chicago Tribune, l’ambassadrice évoque la perte de près de 78 milliards de $ par le Pakistan dans la lutte contre l’extrémisme depuis 2001. Elle demande ainsi aux USA de rembourser son pays qui a combattu en tant que « soutien à la coalition ».
Elle s’y prononce également pour une plus forte collaboration entre les services anti-terrorisme américains et pakistanais pour combattre l’extrémisme. Les deux autres mesures concernent l’arrêt de la violation de la souveraineté pakistanaise par les drones et la mise en place d’une politique de commerce pour exporter des produits du Pakistan vers les USA.
« Ce changement d’attitude pourrait servir de rempart à l’extension de l’extrémisme dans la région » écrit-t-elle. Elle espère également qu’une série de mesures de confiance (CBM) puissent restaurer leurs relations bilatérales. « Si la guerre contre l’extrémisme doit réussir, la guerre des mots entre des alliés démocratiques doit cesser » reprend-t-elle.
Le bras de fer avec Obama.
Dans un « snobisme indubitable » selon les mots du quotidien indien Hindustan Times, le président américain Barack Obama n’a pas inclut le Pakistan dans la liste des pays qu’il a remercié lundi pour leur soutien logistique dans la guerre afghane.
Cette omission tend à prolonger les divergences entre les deux pays alors que le sommet consacrait la journée de lundi au sujet de l’Afghanistan. Le président a reconnu que les tensions avec le Pakistan faisaient émerger des questions sur les objectifs du Pakistan pour son voisin.
« Nous devons travailler au delà des tensions qui sont nées après 10 ans de notre présence militaire dans la région. Nous ne voulons pas les laisser recouvrir les véritables objectifs » a-t-il déclaré plus tard.
Alors que le Pakistan n’est pas un pays membre de l’OTAN, le président Asif Ali Zaradri a été invité au sommet pour l’influence de son pays en Afghanistan et pour tenter de rouvrir les routes au matériel de l’OTAN en direction des théâtres d’opération afghans.
Le président pakistanais espérait un entretien en privé avec son homologue américain comme en a bénéficié le président afghan Hamid Karzai mais en l’absence d’un plan de réouverture des routes, Obama l’a refusé.
Avant la frappe des drones de novembre et la fermeture des routes, les USA payaient un droit de 250 $ par camion. Maintenant, deux officiels américains affirment que le Pakistan souhaite 5000 $ par camion et des excuses officielles pour les soldats morts sous le feu des drones. L’administration Obama a déclaré qu’elle irait jusqu’à 500 $ par véhicule et qu’elle exprimerait ses condoléances et ses regrets mais pas ses excuses.
Ces officiels ont parlé sous le couvert d’anonymat car des négociations en privé étaient en cours. En fin de sommet, le président Obama a déclaré à la presse qu’il savait déjà qu’il n’y aurait pas d’accord sur les routes de ravitaillement pour le moment.
Une solution dans l’après-sommet ?
Pourtant, ce mardi, le président Zardari a annoncé que son gouvernement avait mandaté des officiels chargé de négocier la réouverture des routes de son pays avec les USA. Il se fait optimiste sur un accord qui devrait être trouvé rapidement.
En comptant sur l’engagement pakistanais à soutenir les efforts de la communauté internationale dans leur combat pour instaurer la paix et la stabilité en Afghanistan, le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen avait déclaré qu’Islamabad allait rouvrir ses routes stratégiques dans un futur proche. Néanmoins, il assurait qu’un accord ne pourrait aboutir durant le sommet de Chicago.
Après leur rencontre, le secrétaire général affirme avoir été encouragé par les positions du président Zardari pour trouver une solution au problème afghan. « C’est dans l’intérêt du Pakistan de voir la paix et la stabilité en Afghanistan et le président nous a confirmé aujourd’hui que c’était sa position » assure-t-il.
Sources :
Hindustan Times (India) en VO ici et ici.
Zeenews (India) en VO
Julien Lathus.