Pour ce second éditorial, l’actualité du sous-continent indien nous force à rester dans le contexte des relations indo-pakistanaises. Un climat favorable à la normalisation semble s’installer entre les deux pays. Cela fait plus de 4 ans maintenant que les espoirs de voir les deux pays régler leurs contentieux ne s’étaient pas dessinés aussi clairement.
Après l’expérience de la diplomatie du soufisme intronisée par le président pakistanais Asif Ali Zardari et l’expérience de la diplomatie par le commerce symbolisée par l’ouverture d’un nouveau point de passage frontalier entre les 2 Punjabs et la clause de « nation la plus favorisée » accordée à l’Inde par le Pakistan, les deux pays ont entrepris ces deux dernières semaines d’établir un agenda de rencontre sur les sujets territoriaux qui fâchent.
En écho aux initiatives pakistanaises, l’Inde a fait savoir hier que le premier ministre Manmohan Singh devrait se rendre au Pakistan dans l’automne. Le voyage planifié du chef du gouvernement indien est particulièrement attendu par la population comme par les médias. Les demandes de la société civile pakistanaise et de certains des hauts gradés militaires sur la démilitarisation du glacier du Siachen ont probablement fait mûrir l’idée du côté indien. Les enjeux du terrain de bataille la plus haute de la planète seront au centre du rendez-vous des 11 et 12 juin à Islamabad.
A côté de la question portant sur le glacier du Siachen, celle de l’estuaire de Sir Creek, sur la frontière sud a émergé avant de retomber rapidement. Le rendez-vous prévu pour le 14 mai à été reporté par le Pakistan qui souhaite avant toute chose régler la question du Siachen. Sur ce dossier, le premier ministre indien a évoqué des « annonces majeures » à venir. L’assouplissement du statut des troupes indiennes à la frontière semble presque acquis pour la fin d’année et le retrait bilatéral des troupes du Siachen apparait comme une option.
Toutefois, l’optimisme qui prévaut dans ce genre de situation doit être modéré. Comme l’a évoqué le ministre de la défense indienne, A K Antony, il s’agit là de questions très délicates dont l’issue ne peut être prévue. La situation reste précaire entre les deux pays. Il suffit d’une déclaration, d’un geste mal interprété, d’une action militante pour que le processus de normalisation et de dialogue déraille. L’Inde et le Pakistan doivent garder la tête froide et des nerfs d’acier face aux possibles événements qui peuvent trouver leur origine chez ceux qui ne souhaite pas la paix entre les deux pays.
Pour notre part, nous ne pouvons que souhaiter voir se poursuivre les efforts de rapprochement. Après les paroles et les espoirs, il est venu le temps d’actions concrètes. Elles se doivent d’être mesurées et bien planifiées. La communication devra être équilibrée et ciblée pour que les deux nations puissent y trouver leur compte.
Julien Lathus