Le Cachemire face au problème des chiens errants

Mardi dernier, aux premières heures de la journée, la petite ville de Baramulla dans le nord du Cachemire indien a été le théâtre d’une vague d’attaques de chiens errants qui ont mordu 51 piétons. « Je marchais avec un ami quand plusieurs chiens se sont mis …

Mardi dernier, aux premières heures de la journée, la petite ville de Baramulla dans le nord du Cachemire indien a été le théâtre d’une vague d’attaques de chiens errants qui ont mordu 51 piétons. « Je marchais avec un ami quand plusieurs chiens se sont mis à nous attaquer dans le quartier de Kantbagh. Nous nous sommes réfugiés sur la grande route et avons réussi à leur échapper » raconte Irfan Ahmad, témoin de l’incident.

Les victimes de morsures ont alors toutes accouru vers l’hôpital le plus proche où les autorités médicales ont été surprises de voir un afflux si soudain. Rapidement, les stocks de vaccins anti-rage dont dispose l’hôpital n’ont pas été suffisants, mais le Dr Masood Ahmad, directeur de l’hôpital rassure : « les autorités hospitalières se sont procurées de vaccins en pharmacie et n’ont pas laissé les patients sans soins ». Si les victimes de l’attaque ne blâment pas les services hospitaliers, elles accusent en revanche les autorités de laxisme face au problème des chiens errants au Cachemire où chaque année des milliers de personnes sont mordues.

Une situation qui inquiète les populations locales

Les événements de Baramulla de ce mardi matin peuvent surprendre par leur ampleur mais ce phénomène n’est pas anodin dans cette région du nord-ouest de l’Inde. A Srinagar, des centaines de personnes sont mordues par an par des chiens qui seraient au moins 48 000 à errer dans les rues de la capitale de l’état du Cachemire. Certains évoquent même 100 000 de ces canidés dans l’agglomération.

Pour les Cachemiris, ces chiens sont une source de problème et ils sont assez unanimes quant à une dégradation de la situation. Ils accusent les autorités de ne pas prendre les mesures adéquates pour faire diminuer leur nombre. « Les méthodes de contrôle en vigueur ne sont pas à la hauteur du défi» explique un habitant de Srinagar. « Les captures ne servent pas à grand chose » ajoute-il.

Pour lutter contre la prolifération des chiens des rues, la municipalité de Srinagar a opté pour un plan de stérilisation mais les citoyens estiment que ce processus prend trop de temps face à une résurgence des morsures. Selon les comptes du Centre Anti-Rage de l’hôpital principal de Srinagar, 5571 morsures de chiens ont été recensées dans l’ensemble de l’état pour les 10 premiers mois de 2018. Plus des trois quarts ont été enregistrées à Srinagar même.

Pourtant, le Dr Javid Ahmad Rather, vétérinaire en chef à la municipalité de Srinagar tend à montrer que les cas de morsures liées aux chiens errants seraient en baisse. Les chiffres émanant des instances municipales de la ville indiquent qu’en 2012 – 2013, 7000 cas de morsures avaient été rapportés. Un millier de moins avaient été recensé l’année suivante avant de se stabiliser autour de 5000 ces dernières années.

En se concentrant sur des aspects géographiques et biologiques, ce vétérinaire expliquent que la vitalité des chiens des rues s’explique par une aisance pour ces derniers à trouver de la nourriture qui se trouve être particulièrement riche au Cachemire où les plats incorporent souvent du poulet ou du mouton. « Cela accroît leur espérance de vie » explique-il. Mais il s’agit aussi d’une question de gestion des déchets ménagers. « La plupart des morsures de chiens errants interviennent dans un espace où il n’y a pas de gestion des déchets » ajoute-il en soulignant que près de 500 espaces à ordures ouverts avaient été détruit ces dernières années.

Julien Lathus

Add comment