Asif Ali Zaradri, le président pakistanais a plus d’un dossier brûlant sur les bras. Entre le règlement des contentieux entre son pays et l’Inde, la guerre qu’il livre aux terroristes dans l’ouest du pays, le maintien de relations cordiales avec les USA malgré les frappes de drones et l’approche des élections législatives au début de l’année 2013… il y a Karachi.
Depuis de nombreuses années, la capitale économique et financière du Pakistan se voit livrée à un niveau de violence croissant. Depuis 2 semaines, ce ne sont pas moins de 200 personnes qui ont été assassinées à Karachi. Si les faits divers de la presse pakistanaise sont habitués au décompte macabre qui ponctue chaque nouvelle édition, cette hausse brutale engendre de nombreuses interrogations qui font la une des quotidiens. « Qui sauvera Karachi des flammes ? » s’interroge The Nation. « Bain de sang à Karachi » titre The Express Tribune.
Au-delà des traditionnelles violences politiques et ethniques, la minorité musulmane chiite a payé un prix particulièrement lourd ces dernières semaines alors que cette communauté s’apprête à célébrer le deuil de l’Ashura ces prochains jours. Tout laisse à croire que ces célébrations, d’une durée de 10 jours s’accompagneront de violences malgré les renforcements de sécurité prévus.
Face à cette situation, le président Asif Ali Zardari s’est exprimé ce mercredi. Pour faire taire les plus sceptiques, dont le poids grandit, il a rapidement indiqué que l’état n’avait pas perdu ces capacités à gouverner à Karachi. Pourtant, les chiffres sont impressionnants. Près de 2000 personnes ont perdu la vie dans des actes de violences depuis le début de l’année. 2012 devrait apparaitre comme l’une des années les plus violentes. Face aux comptes, il apparait clairement que la loi et l’ordre font défaut à Karachi, où la situation frise le chaos.
Le président du Pakistan accuse des éléments qui cherchent à troubler le système démocratique du pays. Bien que cette théorie à teneur de conspiration soit questionnable, il ne fait aucun de doutes que les évènements qui se déroulent à Karachi peuvent déstabiliser la nation pakistanaise.
Si les mots d’Asif Ali Zaradri contiennent une part de vérité, il omet une certaine réalité à laquelle la mégalopole de 20 millions d’habitants doit faire face : les tensions ethniques, sectaires et politiques sans compter le rôle des mafias, de la drogue et des armes. De nombreux éditoriaux appellent cette semaine les autorités à ne pas chasser une chimère dans les quartiers de Karachi mais à s’attaquer à ce qui est connu et de notoriété publique, bien que passé sous silence par une loi du silence devenue règle d’or pour ceux qui souhaitent rester en vie.
« Alors que le président parle de développer les opportunités de travail… le fait est que de nombreux habitants de partout dans le pays vivent dans la peur en raison de la défaillance de la loi et de l’ordre. Karachi en est un point chaud. La violence doit être domptée si l’ordre doit se maintenir dans le pays et la stabilité restaurée pour que le démocratie n’en sorte pas défigurée » lit-t-on dans le quotidien The Express Tribune.
Cette situation dans la capitale économique du pays inquiète l’ambassadeur américain, Richard Olson qui exprime ses regrets pour les victimes. Ce jeudi, il a proposé au Pakistan d’équiper les équipes de police du Sindh avec du matériel plus récent dans le but de renverser cette situation précaire.
Sources :
The Express Tribune – International Herald Tribune (Pakistan) en VO.
Firstpost (Inde) en VO.
The International News (Pakistan) en VO.
Julien Lathus