Journée mondiale de la liberté de la presse : regard sur le sous continent indien.

Ce vendredi 3 mai, c’est la 20ème Journée mondiale de la liberté de la presse. Depuis 1993, cette date est l’occasion de célébrer ce principe fondamental et de défendre l’indépendance des médias. C’est aussi le moment de faire le bilan de l’évolution de la liberté …

Ce vendredi 3 mai, c’est la 20ème Journée mondiale de la liberté de la presse. Depuis 1993, cette date est l’occasion de célébrer ce principe fondamental et de défendre l’indépendance des médias. C’est aussi le moment de faire le bilan de l’évolution de la liberté de la presse qui reste mal-menée un peu partout sur la planète. Depuis le début de l’année 2013, 19 journalistes ont été tués, dont la moitié en Syrie et 174 journalistes sont actuellement détenus dans le monde.

Vendeur de journaux en Inde

Vendeur de journaux en Inde.

Ban ki-Moon, secrétaire-générale de l’ONU et Irina Bokova, directrice-générale de l’UNESCO ont publié ce vendredi un communiqué commun à l’occasion de cette journée. « Chaque jour, la liberté d’expression fait face à de nouvelles menaces. Parce qu’ils contribuent à garantir la transparence et la responsabilité dans les affaires publiques, les journalistes sont souvent la cible de violences. Plus de 600 journalistes ont été tués au cours des 10 dernières années et, parmi eux, beaucoup n’exerçaient pas dans des zones de conflit. Il persiste un climat d’impunité – 9 assassinats de journalistes sur 10 restent impunis. Les professionnels des médias sont aussi trop nombreux à être victimes d’intimidations, de menaces et de violences, souvent sans recours légal ».

Carte de la liberté de la presse en 2013 par Reporters sans Frontières.

Carte de la liberté de la presse en 2013 par Reporters sans Frontières.

Si le haut du classement est tenu, comme l’année dernière par la Finlande, les Pays-Bas et la Norvège, les pays d’Asie du Sud connaissent dans leur ensemble un recul de la liberté de la presse et de l’expression. Une situation qui prévaut ces dernières années.

Dans le sous-continent indien, à nouveau une baisse généralisée.

La liberté de la presse et des médias dans la région d’Asie du Sud semble en déclin selon l’organisation américaine Freedom House. Leur rapport annuel se base sur 3 catégories : l’environnement légal dans lequel les médias se placent, le niveau d’influence politique sur l’information et son accès et la pression économique sur les médias. Ici le rapport de l’organisation pour 2013 sur 197 pays.

Pays

Place en 2013

Place en 2012

Place en 2011

Situation

Inde

79

80

77

Partiellement libre

Maldives

118

109

102

Partiellement libre

Bangladesh

112

111

112

Partiellement libre

Népal

126

117

128

Partiellement libre

Bhoutan

126

127

124

Partiellement libre

Pakistan

146

144

134

Non libre

Sri Lanka

164

162

156

Non libre

Une vision a peu près similaire chez Reporters sans frontières dans la publication de leurs chiffres concernant la liberté de la presse dans le monde sur 179 pays. Leur classement mélange des critères de violences et exactions envers les journalistes, de responsabilité des états dans ces violences, de la lutte de l’état contre l’impunité des auteurs de violence, de la censure et de l’autocensure, du paysage médiatique, du cadre légal, des pressions administratives, judiciaires et économiques et sur la situation d’internet et des nouveaux médias.

Pays

Place en 2013

Place pour 2012

Évolution

Bhoutan

82

70

Baisse

Maldives

103

73

Forte baisse

Népal

118

106

Baisse

Inde

140

131

Baisse

Bangladesh

144

129

Baisse

Pakistan

159

151

Baisse

Sri Lanka

162

163

Hausse

Journaliste : un métier périlleux dans le sous-continent indien, entre la censure, la répression et le meurtre.

Le Bangladesh connaît une importante baisse dans ce classement depuis le début de l’année et les événements socio-politiques qui secouent le pays. L’opposition frontale entre le parti au pouvoir de la Ligue Awami et le Parti National du Bangladesh entraîne de nombreuses violences dans les rues qui menacent les journalistes. Ce sont surtout les blogueurs et les journalistes citoyens qui sont le plus visés. Les détentions arbitraires se poursuivent dans le cadre un peu flou de la lutte contre le blasphème et plusieurs d’entre eux ont payé leurs écrits de leur vie, comme Ahmed Rajib Haider, égorgé le 15 février dernier.

Au Pakistan, une dizaine de journalistes ont été tués depuis le dernier classement de Reporters sans Frontières. En octobre dernier, lors de l’examen périodique universel de l’ONU sur les droits de l’homme, l’assemblée s’était inquiétée de l’amplification de l’insécurité qui pèse sur les journalistes au Pakistan. « Le nombre de journalistes assassinés ne cesse de croître et la majorité des enquêtes n’ont pas abouties, alimentant un climat d’impunité intolérable » déclarait l’assemblée. Depuis le début de l’année, 6 journalistes ont été tués au Pakistan, c’est plus qu’en Syrie.

L'état de la presse au Sri Lanka par Latuff

L’état de la presse au Sri Lanka par Latuff.

Le Sri Lanka demeure à la dernière place régionale de ce classement. La presse y est littéralement assiégée et souffre d’une terrible répression. La plupart des médias sont aux mains des autorités et le gouvernement s’acharne sur les derniers qui restent indépendants. Descentes de police, intimidations et violences sont ce qui attend ceux qui osent critiquer le régime, particulièrement sensible sur les questions de la guerre civile qui s’est achevée en 2009.

Selon l’organisation américaine, Committee to Protect Journalists (CPJ), cette région du monde est l’une de celles au monde où les auteurs de meurtres envers les journalistes sont le moins punis Sur les 12 pays où l’impunité de ces crimes règne, 4 se trouvent dans le sous-continent indien. Le Sri Lanka se place à la 4ème place avec 9 affaires non-résolues et plus de 20 journalistes en exil. Si aucun journaliste n’a été tué en 2012, l’organisation souligne les ordres de restriction de l’information émanant du pouvoir et plusieurs journalistes ont été intimidés ou violentés. Le Pakistan est à la 8ème position et confirme son statut d’une des destinations les dangereuses pour les journalistes. Depuis 1992, 48 journalistes ont été assassinés. Dans plus de la moitié des cas, ces derniers intéressaient aux affaires politiques du pays. L’Inde, avec 6 meurtres non élucidés prend la 12ème place de ce classement en raison d’attaques répétées dans le nord-est du pays et de sa politique de blocage d’internet. Un tiers des journalistes tués depuis 1992 travaillaient sur les nombreuses affaires de corruption qui rongent le pays.

Julien Lathus

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