Si le Pakistan a tenu une place importante dans le débats sur la politique étrangère américaine qui a opposé Barack Obama et Mitt Romney, l’Inde n’a pas été évoquée une seule fois. Dès le lendemain, cette absence a été largement commentée dans la presse indienne.
« Ceux qui se sont réveillés tôt mardi pour suivre le 3ème débat présidentiel ont eu rendez-vous avec une forte déception » lance le journal indien Firstpost.
India Real Time, affilié au fameux Wall Street Journal, se lance même dans le comptage des mentions aux pays étrangers où l’on distingue rapidement la place de l’Iran, mentionné 47 fois, d’Israël et de la Chine qui comptent plus de 30 évocations et surtout le Pakistan avec ses 25 références. « Pas une seule fois l’Inde… Pourquoi a-t-elle été laissée de côté ? » s’interroge le journal.
Premier élément d’explication. Sadanand Dhume, chercheur au think-tank American Entreprise Institute affirme que l’Inde est bien moins centrale dans la politique étrangère américaine que beaucoup de politiques indiens aimeraient le croire.
« L’Inde est une nation grande et tournée sur elle-même. Sur de nombreuses pistes, elle se voit comme le centre de l’Asie alors qu’en réalité, comme le montre le débat américain, ce n’est pas le cas » explique-t-il
En appliquant plus de nuances, il y existe plusieurs raisons pour lesquelles l’Inde n’a pas été incluse aux préoccupations stratégiques de la politique étrangère des deux candidats à la Maison Blanche. Pour India Real Times, ces raisons « ne sont pas forcément mauvaises ».
Dans un premier temps, il est important de mentionner que les relations diplomatiques entre les Etats-Unis et l’Inde sont bonnes et stables. Dans cette configuration, il n’y a pas d’urgence à lancer un débat sur la relation entre ses deux pays. Après tout, la majorité des alliés de Washington, n’a pas été mentionnée dans le débat. Cela se confirme avec le peu d’évocations sur l’Europe.
Les pays qui ont figuré dans les échanges entre les deux candidats sont pour la plupart submergés par des troubles. Il est donc de bonne augure pour l’Inde de ne pas faire partie de cette liste.
De plus, il faut bien comprendre que cette absence ne signifie pas le manque d’activités diplomatiques entre l’Inde et les Etats-Unis. Les deux pays ont également leur lot de discordes comme des tensions sur l’obtention de visas américains ou sur leur coopération nucléaire.
L’Inde aurait pu être incluse dans certaines discutions traitant de la guerre en Afghanistan et de la situation au Pakistan, sur l’essor de la Chine et sur le monde tel qui sera demain. Mais, il faut rappeler que Barack Obama et Mitt Romney se sont affrontés durant 1h30, une durée bien courte pour débattre sur la politique étrangère américaine.
Ces dernières années, l’Inde a été encouragée par les Etats-Unis à jouer un rôle plus important en Afghanistan alors que le retrait des troupes de l’OTAN est prévu pour 2014. L’Inde y a d’ailleurs envoyé plusieurs unités pour former les troupes afghanes. Les Etats-Unis poussent également New Delhi à plus d’action pour renforcer les liens entre la diplomatie américaine et le Pakistan.
Néanmoins, l’Inde avait été au cœur des débats sur l’économie américaine dans le second débat, lorsque le président Obama s’est exprimé sur les délocalisations à l’étranger. Mais là encore, la Chine apparait alors comme le compétiteur principal des Etats-Unis en Asie. « La Chine est bien plus signifiante d’un point de vue économique et bien plus de postes ont été perdus au profit de la Chine que de l’Inde » déclare Sadanand Dhume.
Plusieurs spécialistes estiment que la relation indo-américaine est amenée à connaitre de profonds changements après les élections de novembre. Pour rassurer, il faut indiquer que l’Inde n’avait pas été mentionnée dans les débats entre Barack Obama et John McCain il y a 4 ans. Cela n’avait pas empêché l’Inde et les Etats-Unis à renforcer leurs liens.
A relire, le premier épisode de la série : Le Pakistan dans le débat présidentiel américain.
Sources :
Firstpost (Inde) en VO.
India Real Times – Wall Street Journal (Inde) en VO.
Julien Lathus