Des femmes, pilotes de rickshaws.

C’est une mini révolution sociale qui a eu lieu ce dimanche dans l’état du Bihar, au nord de l’Inde. Pour la toute première fois, une douzaine de femmes ont pris les routes de Patna, la capitale de l’état, au guidon d’autorickshaws, ces petits taxis collectifs …

C’est une mini révolution sociale qui a eu lieu ce dimanche dans l’état du Bihar, au nord de l’Inde. Pour la toute première fois, une douzaine de femmes ont pris les routes de Patna, la capitale de l’état, au guidon d’autorickshaws, ces petits taxis collectifs emblématiques du sous-continent indien.

Au Bihar, les hommes n'ont plus le monopole du transport de personnes.

Au Bihar, les hommes n’ont plus le monopole du transport de personnes.

Sarita Pandey et Pinki Kumari sont parmi la douzaine de femmes à avoir été accréditées comme pilotes d’autorickshaws ce dimanche à Patna. Les deux nouvelles entrantes dans cette profession auparavant masculine ne cache pas leur émotion et leur plaisir. « Ce rêve tant attendu est enfin devenu réalité aujourd’hui » lance Sarita qui a choisi ce travail pour nouvelle orientation professionnelle. « A l’origine, je gagnais 3000 roupies (35€) en travaillant dans une école privée. Mais maintenant, j’ai bon espoir de pouvoir doubler mes revenus, et peut être même plus. Cela va me permettre d’avoir une meilleure vie » reprend-t-elle.

Même son de cloche chez Pinki et ses consœurs qui viennent d’être officiellement inscrites comme conductrices de rickshaws après une formation auprès des professionnels de l’Association des Conducteurs de Rickshaws de l’État du Bihar (BSADA). « Je sais que de travailler en tant que conducteur de rickshaw pour une femme est un défi important. Mais je suis prête à le relever et à me prouver que je peux réussir » s’enthousiasme Pinki.

« Nous avons entraîné ces femmes à devenir pilotes et nous allons les aider a obtenir un prêt auprès des banques pour qu’elles puissent acquérir leurs propres véhicules » explique Rajkumar Jha, secrétaire général de BSADA. Son association devrait former 35 femmes. La première phase de cette opération a permis la sélection de 15 d’entre elles. « Elles commenceront toutes leur nouvelle carrière de conductrice de rickshaw sous une licence d’apprentie. Elles devraient par la suite obtenir leur licence permanente assez rapidement » ajoute-t-il.

Pour compléter une formation théorique et pratique, Mr. Jha souligne qu’une banque privée va accorder un prêt allant de 150 000 à 200 000 roupies (1780€ à 2370€) à chaque nouvelle recrue pour qu’elle puisse acquérir son propre rickshaw. Chacune d’entre elle n’aura qu’à fournir un apport personnel de 10 000 ou 20 000 roupies (118€ à 237€). Tous les mois, elles auront à s’acquitter de 3000 à 4000 roupies à titre de remboursement du crédit.

Ces nouvelles venues sont assignées dans un premier temps à travailler dans le centre de la capitale du Bihar, à Patna Junction, au Gandhi Maidan et dans quelques autres zones de la ville. Ce programme s’inscrit dans la politique du gouvernement de cet état qui a annoncé en début d’année que tous les véhicules, commerciaux ou non, enregistrés au nom de femmes possédant un permis de conduire seront alors exemptés de taxes à hauteur de 100 %. Une belle opportunité en direction des femmes de cet état, souvent considéré comme l’un des plus pauvres et des plus rigoristes de l’Inde.

Julien Lathus.

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