Ces derniers jours, la découverte par les forces de sécurité indienne d’un faucon équipé d’une petite caméra a nourri les craintes d’espionnage le long de la frontière entre l’Inde et le Pakistan. Une paranoïa accrue alors que l’Inde conduit actuellement un gigantesque exercice militaire dans la région.
La carcasse du faucon a été découverte à proximité du fort qui domine la ville de Jaisamler au cœur du désert du Thar, dans le Rajasthan par les forces armées qui s’adonnaient à un exercice militaire. « Il était équipé de quelques appareils et d’une antenne » indique un responsable des forces de sécurité frontalière sous couvert d’anonymat à l’AFP.
Des soupçons ont rapidement relié ce rapace à de possibles activités d’espionnage militaire de la part du Pakistan mais la caméra qu’emportait le faucon ne semble pas très sophistiquée et pourrait être l’œuvre de chasseurs pakistanais. « Pourtant, les possibilités que ce soit une tentative d’espionnage ne sont pas à écarter pour le moment » poursuit-t-il en indiquant qu’une enquête était en cours.
Que l’oiseau eut été utilisé à des fins de renseignements ou pour l’amusement, cette découverte rappelle à nouveau l’intense climat de suspicion qui prévaut entre l’Inde et le Pakistan alors que les 2 pays connaissent un refroidissement dans leurs relations depuis janvier et les escarmouches mortelles au Cachemire. Face à une situation aussi dangereuse qu’absurde, l’histoire du faucon-espion n’a pas laissé les réseaux sociaux insensibles. De nombreux internautes se sont amusés de voir qu’un simple oiseau pouvait servir de drone et d’autres ont répondu avec hilarité. « J’attends de voir les journaux titrés : Pigeon retenu indéfiniment sans procès ».
https://twitter.com/HughSykes/status/323742152502951936
@jesseavellaneda waiting for the headline saying « Pigeon held indefinitely without trial »
— Vikram Kane (@Mukherjeezy) 15 avril 2013
Dans ce dernier message posté sur Twitter par un Pakistanais à un journaliste, il y est question d’échanger la détention du faucon contre des figures politiques pakistanaises comme Hafiz Saeed, accusé par l’Inde et les USA d’avoir planifié les attentats de Bombay en 2008. : « Faisons une une offre au gouvernement indien. S’il vous plaît, échangeons le pauvre faucon contre Ludhiyanvi, Masood Azhar et Hafiz Saeed ».
@mazdaki Lets make an offer to Indian Govt. Please swap the poor spy falcon with Ludhiyanvi, Masood Azhar and Hafiz Saeed. #india #Pakistan
— HaiderXaidi (@secretinstinct) 15 avril 2013
La découverte de ce faucon mort n’est pas la première fois que les suspicions d’utilisation d’animaux espions émergent entre les 2 puissances nucléaires. En 2010, la police indienne a arrêté un pigeon sous le chef d’accusation d’espionnage au profit du Pakistan. L’oiseau avait été trouvé par un habitant du Punjab, qui borde la frontière avec le Pakistan et avait été emmené au poste de police d’Amritsar. Les policiers avaient alors déclaré que l’oiseau avait une bague sur sa patte et une adresse ainsi qu’un numéro de téléphone pakistanais écrits à l’encre rouge sur les plumes de l’oiseau.
Actuellement, le désert du Thar est le théâtre d’un vaste exercice militaire indien qui allie les troupes au sol et l’aviation. Depuis le début du mois d’avril, l’Inde a massé 50 000 soldats, des centaines de tanks et de véhicules de combat en vue de l’exercice nommé Shoor Veer. Le Pakistan aurait-t-il pu transformer ce noble rapace en un observateur de l’exercice, à la manière d’un drone ? Tout reste possible.
Julien Lathus