Alors que le Parti du Peuple Pakistanais doit quitter le pouvoir samedi, la ministre pakistanaise des affaires étrangères est revenue sur 5 années de diplomatie avec un accent marqué sur la dynamique que son pays entretient avec l’Inde.
Dans son dernier tour de piste en tant que ministre des affaires étrangères du Pakistan, Hina Rabbani Khar est revenue sur la situation tumultueuse qui régit les relations entre l’Inde et son pays. Pour elle, l’Inde et le Pakistan devraient se détacher de groupes de pression internes qui handicapent les chances de résolution de leurs problèmes.
Ce jeudi, devant la plus haute chambre du Sénat pakistanais elle affirme que le Pakistan était sérieux dans son dialogue avec l’Inde tout en regrettant les déclarations belliqueuses de l’Inde après les incidents de janvier sur la Ligne de Contrôle au Cachemire. En conférence de presse, elle réaffirme que le Pakistan cherche à la résolution du contentieux sur cette région mais elle souligne que le degré de confiance mutuelle nécessaire à une telle entreprise n’est actuellement pas atteint.
Elle a profité de l’occasion pour revenir sur le bilan de 5 années de succès diplomatiques du gouvernement pakistanais et indiquant que le Pakistan avait poursuivi une politique régionale proactive en prenant des décisions dans l’intérêt national. Elle a donné un panorama des défis de la politique étrangère pakistanaise et elle a démontré la manière dont ils avaient été transformés en des opportunités majeures. Pour Hina Rabbani Khar, la priorité de la politique étrangère est d’apporter un cadre régional stable et pacifique pour que les peuples cessent de se concentrer sur les frontières, les disputes et les animosités pour se focaliser sur la croissance et la stabilité intérieure.
Hina Rabbani Khar rappelle que le gouvernement avait décidé d’investir dans l’amitié et la construction d’une confiance mutuelle avec l’Inde en lieu et place de l’hostilité et de l’animosité traditionnelles que les 2 pays ont entretenu dans le passé. Parmi ces efforts de consolidation de la confiance, elle met en avant l’amélioration des échanges commerciaux comme un signe fort de cette volonté pacificatrice.
A l’occasion de ces derniers débats de politique étrangère, Hina Rabbani Khar, nommée politicienne la plus glamour du monde par une revue indienne, est allée en encore plus loin sur la question du Cachemire. Elle déclare que ni le militantisme, ni les actions armées ne peuvent résoudre ce contentieux et qu’une solution se devait d’être adaptable.
Derrière cette phrase, le gouvernement pakistanais, à quelques jours de céder sa place, désavoue, au moins virtuellement le militantisme cachemiri alors que des affrontements ont lieu à Srinagar dans le Cachemire administrée par l’Inde. Cette déclaration intervient alors que les services de sécurité américains ont prévenu le Pakistan de l’incidence que pourrait avoir des attaques contre l’Inde, si elles sont liées à une section de l’establishment pakistanais.
« L’Inde, autant que le Pakistan ont pris des décisions calculées pour améliorer leurs liens, en dépit d’une méfiance mutuelle profondément ancrée. Les 2 pays vont probablement poursuivre leur relation économique alors qu’ils reportent leurs discutions sur les dossiers les plus chauds comme les disputes territoriales et sur le terrorisme » explique James Clapper, directeur d’une agence de renseignements américaine. Cela entraîne une situation explosive. « Même la plus modeste avancée peut être sapée si une attaque terroriste contre l’Inde implique le Pakistan. Cela entraînerait une nouvelle crise » reprend-t-il.
Cette réaction prend place alors que 5 policiers indiens ont été tués à Srinagar qui se retrouve à nouveau sous couvre-feu. En dépit des allégation du ministre indien de l’intérieur sur des liens supposés du Pakistan dans ces attaques, Hina Rabbani Khar en profite pour insister sur le fait que le processus de paix entre l’Inde et le Pakistan est essentiel pour la normalité de cette région disputée. « Ces incidents ne peuvent pas faire dérailler notre engagement avec l’Inde pour promouvoir la paix dans cette région. Les violations de frontière et le terrorisme n’est pas que le problème du Pakistan… c’est celui de l’Inde aussi » déclare-t-elle.
Julien Lathus