Le mois d’août à Karachi a connu un degré de violence constant, dans la continuité du mois de juillet, et ce malgré le Ramadan qui a occupé les 20 premiers jours du mois. Aux 177 tués à Karachi s’ajoutent plus de 200 blessés. Ces meurtres sont principalement l’œuvre des nombreux tueurs à gage qui sévissent dans cette mégalopole de 18 millions d’habitants.
Les civils payent le plus lourd tribut dans ce cycle infernal puisqu’ils représentent de plus de 75 % des tués pour ce mois d’août. A eux s’ajoutent 10 policiers et 32 activistes politiques. Ces derniers sont en majorité affiliés au Parti du Peuple Pakistanais (PPP), au Mouvement Muttahida Qaumi (MQM) et au Parti National Awami (ANP).
Aux violences politiques, ancrées dans la culture de la ville s’ajoutent les tensions interreligieuses et interethniques. Ce mélange, dans le contexte d’une ville mondialisée, cosmopolite, et où les armes et la drogue circulent presque librement donne à Karachi une vision unique dans le paysage urbain d’Asie.
Asad Hashim, journaliste pour Al Jazeera s’est focalisé sur un projet concernant la violence à Karachi pendant plusieurs mois. Dans un dossier interactif sur le site de la chaine d’information qatarie, il explique que la situation dans laquelle se trouve la capitale économique et financière du Pakistan est une exception face aux autres métropoles du sous-continent.
« Mumbai (Bombay) en Inde est souvent proposée comme la ville-sœur de Karachi, une mégalopole de plus de 15 millions d’habitants, qui connait des problèmes endémiques de gouvernance, de pauvreté et de crime organisé en relation avec les parties politiques locaux. En 2011, il y a eu 202 assassinats à Mumbai alors que Karachi en dénombrait 1723 » écrit-t-il.
Quand ce journaliste interroge Haris Gazdar, directeur d’un institut de recherche en sciences sociales à Karachi, la ville marque sa différence avec les autres mégalopoles de la région par son caractère hybride caractérisé par une frontière poreuse entre les groupes criminels et les principaux partis politiques, mais avec un niveau de violence digne des villes d’Amérique du Sud.
« Karachi montre un modèle différent, un peu comme les villes d’Amérique du Sud, où la moitié de leurs populations vivent dans des quartiers non planifiés avec leurs propres systèmes. Karachi se distingue des autres villes de la région par son niveau de violence… assez similaire aux villes d’Amérique latine, comme Rio dans le milieu des années 2000 » explique Haris Gazdar.
Malgré les chiffres, ce chercheur ne met pas en cause directe l’ethnicité dans les violences qui ensanglantent Karachi. Il s’agit avant tout d’une violence politique qui se fond dans le terreau ethnique des quartiers de la ville.
Orangi Town, dans le nord-ouest de la ville est l’un des quartiers les plus pauvres de la ville, un des plus grands bidonvilles d’Asie, dépassant même le fameux Dharavi de Mumbai. Ce quartier est le théâtre d’une âpre bataille entre le MQM et l’ANP pour son contrôle. Clivage politique donc, mais ethnique en même temps au regard de la composition de ses deux parties. Le MQM polarise la quasi-totalité des Mohajirs et Orangi Town est peuplée à 75 % de ce groupe communautaire, composé des réfugiés musulmans venus d’Inde après la partition. Dans ce quartier, il s’oppose à l’ANP qui soutient les minorités pachtounes du Pakistan.
Si le fait ethnique est une donnée délicate à prendre en considération dans les violences politiques de Karachi, les meurtres se placent également à un échelon religieux. Selon cette configuration, la minorité chiite de Karachi est en première ligne, comme ailleurs dans le pays.
Selon la Commission des Droits de l’Homme du Pakistan (HRCP), 1725 personnes ont trouvé la mort à Karachi depuis le début de l’année. Pour l’organisation, 2012 est en passe de devenir l’année la plus violente, devant 1995 et ses 1742 meurtres. La hausse de la criminalité expose également les habitants de Karachi à de nombre de vols et d’extorsions. « Les meurtres relatifs aux extorsions sont en hausse. Ils sont souvent rapportés comme des vols mais ce sont en fait des extorsions » explique Taranum Khan, rédacteur du rapport de de l’HRCP.
Face à ces chiffres, le président du Pakistan, du PPP, Asif Ali Zardari sonne la sirène d’alarme et affirme que la paix à Karachi doit être établi, quel qu’en soit le prix. Rehman Malik, ministre de l’intérieur, accuse les Talibans d’être les principaux responsables des assassinats dans cette ville. Karachi est décidément confrontée à une situation bien complexe faite de pauvreté, de drogues, d’armes et de militantisme de tous bords.
Sources :
The Express Tribune – International Herald Tribune (Pakistan) en VO.
Al Jazeera (Qatar) en VO.
Khaleej Times (Emirats Arabes Unis) en VO.
Julien Lathus.
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11 septembre 2012
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