Ce jeudi, le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU va se prononcer sur une résolution visant à faire pression sur le gouvernement du Sri Lanka pour une plus grande clarté sur les accusations de massacres envers les civils, perpétrés par l’armée dans les derniers mois de la guerre contre les séparatistes tamouls en 2009.
Cette résolution, soutenue par les USA fait écho aux inquiétudes concernant de nombreux rapports mettant en cause les forces de sécurités dans des affaires de meurtres, d’enlèvement et de tortures sur des civils qui se sont déroulées même après la fin de ce conflit de 26 ans qui a coûté la vie à plus de 100 000 personnes. Le texte devrait demander au Sri Lanka de suivre les recommandations émises par le rapport de Navi Pillay, qui interroge le gouvernement sri-lankais sur ses agissements judiciaire dans l’après-guerre tout en demandant une enquête internationale.
Néanmoins, la résolution mise en discussion ce jeudi ne comprend pas une enquête internationale à laquelle le gouvernement sir-lankais s’oppose alors que les activistes des droits de l’homme la jugent comme essentielle. « Ne pas inclure cette demande d’enquête internationale est impensable et une importante omission » déclare Brad Admas, le directeur asiatique de Human Right Watch. Même teneur de propos chez Alan Keenan, directeur du projet Sri Lanka pour International Crisis Group qui affirme que cette enquête est « inévitable ». « Il est sûr que pour que l’action du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU est un impact et progresse vers la justice, le Conseil va devoir autoriser la tenue d’une enquête internationale sur les allégations de violations des lois internationales par les forces gouvernementales, comme par les Tigres Tamouls » explique-t-il.
Durant plus de 2 décennies, la guerre entre les forces gouvernementales et l’armée de libération des Tigres Tamouls – groupe séparatiste de la minorité tamoule, pionnier de la tactique des attentats suicide – s’est arrêtée en mai 2009 avec la victoire de l’armée du Sri Lanka. Les derniers mois de cette guerre ont été les plus sanglants de tout le conflit. Une enquête de l’ONU affirme que « de nombreuses sources font état de plus de 40 000 civils morts » alors que le gouvernement sri-lankais déclare avoir poursuivi la politique de « zéro victime civile » dans cette guerre.
Mahinda Rajapaksa, le président du Sri Lanka avait mis en place une commission de réconciliation nationale pour analyser le déroulement du conflit et des efforts de l’après-guerre. Le rapport de cette commission contient près de 300 recommandations mais aucune ne cite des personnes accusées de crimes de guerre. La résolution de l’ONU vise à montrer que le plan d’action du gouvernement sri-lankais ignore totalement les allégations de violation des lois internationales des droits de l’homme et des lois devant protéger les civils dans les zones de guerre. Dans ce sens, le Sri Lanka ne tient personne pour responsable dans la mort des civils dans cette guerre.
Sur le plan diplomatique, cette résolution est soutenue par 25 pays des 47 pays du Conseil, dont les USA et l’Inde alors que 13 voteront contre, dont le Pakistan, et 8 comptent s’abstenir. « Nous réitérons notre appel pour une enquête indépendante et crédible sur les accusations de violations des droits de l’homme et sur les pertes civiles » déclare Dilip Sinha, le représentant permanent de l’Inde au Conseil des Droits de l’Homme de Genève. « Nous retenons avec inquiétudes les progrès inadaptés du Sri Lanka dans son engagement au processus d’enquête que la guerre civile » reprend-t-il.
Julien Lathus