Un journaliste a été arrêté dans l’est de l’Inde lundi 21 mars suite à la publication d’un message sur WhatsApp dans lequel il critiquait la police et demandait la protection de cette dernière pour travailler dans une zone où les violences ne sont pas rares pour enrayer la guérilla maoïste des Naxalites.
« Prabhat Singh travaillait pour une chaîne de télévision indienne quand il a été arrêté dans la région de Bastar, située dans l’état de Chhattisgarh » explique l’un de ses avocats, Kishore Narayan. Le journaliste est accusé de faire circuler des messages obscènes sur les réseaux sociaux. Mardi, face à une cour de justice, Prabhat Singh a affirmé avoir été battu dans les locaux de la police alors que la Cour rejetait son appel de remise en liberté.
Depuis des années, une rébellion maoïste est active dans la ceinture tribale indienne qui s’étend, en autres, sur plusieurs portions du territoire du Chhattisgarh. Les activistes y perturbent les élections et attaquent de temps à autre les services de sécurité. Des activistes des droits de l’homme affirment que dans leur mission pour mettre fin à cette guérilla, les forces armées commettent de nombreux abus aux libertés fondamentales et allant même jusqu’à des exécutions extra-judiciaires.
L’année dernière, deux journalistes avaient été arrêtés au Chhattisgarh et accusés de soutenir les rebelles. « Ces arrestations s’inséraient dans un contexte de durcissement des autorités envers les sympathisants du mouvement paysan maoïste » rappellent des soutiens aux journalistes emprisonnés. Shalini Gera, une juriste travaillant pour une ONG de Jagdalpur qui représente les deux journalistes condamnés l’an dernier affirme que « ces deux hommes sont innocents ». Elle rappelle que le mois dernier, elle et certains de ses collègues ont été expulsés de Jagdalpur par la police qui cherche à empêcher leurs activités de défense.
Mardi, le groupe new yorkais de défense de la presse a envoyé une demande de libération du journaliste au ministre en chef de l’état de Chhattisgarh. « Les arrestations et les blessures commises sur les journalistes et leurs défenseurs engendrent un climat de peur qui menace de transformer le Chhattisgarh en un ‘trou noir médiatique’ » réagit Sumit Galhotra, chercheur au programme Asie de l’organisation américaine.
Julien Lathus