C’est un sommet historique que New Delhi a accueilli ces 2 derniers jours. A cette occasion, les 10 pays de l’ASEAN (Association des Nations de l’Asie du Sud-Est) sont sortis de leur sphère habituelle pour une réunion placée sous le thème du « partenariat ASEAN-Inde pour la paix et la prospérité commune ». Les dirigeants des 10 pays de l’ASEAN ont qualifié de positives les relations de dialogue que ce groupe maintient avec l’Inde depuis une vingtaine d’années. Cette dynamique a contribué à l’approfondissement de la compréhension comme au renforcement de la confiance entre les pays concernés.
L’ASEAN et l’Inde se sont entendues pour un renforcement de leurs liens stratégiques comme commerciaux. Une volonté que le premier ministre indien, Manmohan Singh a souhaité dès le début du sommet. « Nous devons intensifier nos consultations politiques et sécuritaires dans le cadre de réunions et de forums régionaux. Nous devons travailler ensemble à l’édification d’une architecture régionale transparente et ouverte » a-t-il déclaré au cours du discours d’ouverture du sommet.
L’Inde pousse en effet à une plus forte coopération dans le domaine de la sécurité maritime. Ce domaine qui pour le ministre indien se pare d’une importance toute spéciale dans le contexte actuelle. « En tant que nations maritimes, l’Inde et l’ASEAN devraient intensifier leur engagement pour la sécurité maritime, pour la liberté de navigation et pour le règlement pacifique de tous les litiges marins dans le cadre du droit international » indique-t-il. Dans ce sens, Manmohan Singh introduit et légitime l’utilisation d’un nouveau terme : celui d’Indo-Pacifique, qui laisse entrevoir les visées de New Delhi sur le théâtre Asie-Pacifique.
Dans ce discours, il s’agit bien pour l’Inde de contrebalancer les visions hégémoniques de la Chine sur la région alors que plusieurs membres de l’ASEAN s’inquiètent des revendications territoriales de l’empire du milieu dans le sud de la Mer de Chine. Shyam Saran, ancien secrétaire indien aux affaires étrangères note que ce sommet marque une impulsion face à l’urgence d’une nouvelle politique et d’un nouvel ordre économique et sécuritaire en Asie. « C’est une opportunité pour l’Inde d’assumer un rôle de leader dans la région » explique-t-il.
La relation entre l’Inde et l’ASEAN prend alors une nouvelle direction alors qu’elle n’était auparavant qu’économique. Manmohan Singh réoriente la centralité de l’ASEAN alors que l’Asie du Sud-Est s’inquiète pour son futur au regard des pressions américaines et des aspirations chinoises. Néanmoins, aucune mention directe n’a été prononcée au sujet de la Chine. Tous les pays de l’ASEAN comme l’Inde ont de profonds liens bilatéraux avec la Chine mais pour beaucoup d’entre eux l’essor chinois causent de nombreuses interrogations. Malgré son potentiel, l’Inde est loin de pouvoir s’afficher comme un contre-pouvoir crédible face à la Chine, avec une économie 3 fois plus faible. Un point qui peut affecter une plus large relation stratégique avec l’ASEAN.
Bien que New Delhi n’ait aucune revendication territoriale dans la région, son appétit énergétique la pousse aux explorations en quête de pétrole et de gaz avec le Viêt-Nam dans une zone contestée par la Chine. Il y a quelques semaines, le chef de la marine indienne avait fait savoir qu’il était prêt à engager sa flotte dans le sud de la Mer de Chine pour protéger les explorations si le besoin s’en faisait ressentir.
Parallèlement aux aspects stratégiques, les questions économiques et commerciales ont également fait l’objet de discussions. L’Inde et l’ASEAN ont conclu un accord de libre-marché concernant les services et les investissements. Il a donné naissance à l’une des plus importantes aires avec un potentiel de 1,8 milliards de personnes combinant un PNB de plus de 2,8 mille milliards de $. Il doit être signé en août 2013 au cours d’une réunion consultative regroupant les ministres de l’économie de l’ASEAN et de l’Inde.
Sources :
Amercian Thinkers (USA) en VO.
New York Daily News (USA) en VO.
The Times of India (Inde) en VO.
Julien Lathus