Cette semaine, il aura beaucoup été question du Pakistan où l’on votait samedi au cours d’élections historiques. Selon les dernières informations, le parti de Nawaz Sharif serait le vainqueur et devancerait le PTI d’Imran Khan d’une petite distance. La campagne électorale a été émaillée d’importantes violences et les rebondissements. Nous y reviendrons en début de semaine. Pour l’heure c’est la revue de la presse et cette semaine elle est consacrée à l’Inde et l’environnement.
La Cour Suprême tranche en faveur des lions asiatiques.
L’ambitieux plan de transférer des lions asiatiques de l’état du Gujarat à celui du Madhya Pradesh a été validé par la Cour Suprême. L’Inde avance en faveur de la défense de ces grands félins qui jouent avec le statut d’espèce en voie d’extinction, mais le vrai défi commence maintenant. Pour le Guardian, Kavitha Rao lance l’enquête sur ce projet de défense de l’environnement, dans un pays où la vie sauvage est menacée sous toutes les latitudes.
Les forêts de Gir au Gujarat sont le dernier refuge de l’unique population de lions asiatiques au monde. Pour augmenter les chances de survie de l’espèce, des conservateurs se sont battus pendant 18 ans pour obtenir ce transfert après avoir buté sur de nombreuses oppositions politiques issues du ministre en chef du Gujarat, Narendra Modi qui ne voulant pas partager sa « fierté d’État ». Pourtant, il y a urgence à aider les 411 derniers lions asiatiques.
Avant le vote favorable du 15 avril dernier, de longues études ont été menées pour prendre en compte la faisabilité du projet. Sur le plan environnementale pour savoir par exemple si les idées de réintroduction était compatibles avec la faune du Madhya Pradesh qui compte déjà des tigres dans certains de ces parcs. Comme sur le plan social face aux inquiétudes des paysans locaux qui craignent de voir leurs troupeaux décimées par les lions.
Après le coûteux déplacement de 24 villages pour lequel la plupart des expropriés n’a pas encore touché de compensation, le véritable travail commence. Prévention, protection, gestion et éducation. Si tout se passe bien, des lions mâles seront introduit tous les 3 à 5 ans pendant 30 ans.
Une leçon tribale d’écologie.
Fin avril, c’est le moment de l’année où les femmes de la tribu Apa Tani plante le riz dans les rizières nivelées de la Vallée Ziro en Arunachal Pradesh. Brian Orland, pour le New York Times est allé à la rencontre des hommes et des femmes qui vivent au milieux des collines et pratiquent un agriculture respectueuse des traditions et de l’écosystème.
Les pieds dans l’eau, les femmes aux visages recouvrent de tatouages sont à la tâche comme depuis des siècles. Aujourd’hui, avec les effets du changement climatique, les tribus locales s’inquiètent pour leur coin de paradis himalayen. Ils pensent alors s’organiser en coopérative et réfléchissent aux opportunités de la technologie et du patronage politique.
Les 28 000 membres de la tribu ont tous pour objectif de travailler dans le respect des traditions environnementales pour faire rendre le meilleur de la terre, tout en conciliant les innovations dans le domaine de l’agronomie. Le système du cadastre traditionnel doit être revu pour engager les paysans sur la voie de la coopérative et les agronomes discutent avec le conseils des sages de la tribu. Ce nouveau statut leur permet alors de mieux négocier avec le gouvernement pour la subvention des projet. Récemment, cela a marché pour des canaux d’irrigation.
Certains s’inquiètent que ces bouleversements structurels ne sapent la cohésion des Apa Tani. Pourtant, les anthropologues s’accordent à dire que les Apa Tani font parties des tribus les plus progressistes. Un bon point pour eux au regard des dangers que le réchauffement climatique fait peser sur la région où coule le Brahmapoutre, l’un des plus grands fleuves asiatiques.
En attendant, les Apa Tani ont fait vœux de ne jamais laisser un terrain perdre sa fertilité, de ne fertiliser qu’avec des engrais naturels, de n’utiliser la forêt que pour le bois de chauffe et de replanter un arbre pour un abattu.
Julien Lathus