Aujourd’hui, de Lahore à Calcutta, intéressons nous à la notion de patrimoine. Le sous-continent indien possède une richesse architecturale hors du commun, en mélangeant les influences musulmanes et coloniales. Dans les grandes villes, ce patrimoine unique est aujourd’hui en danger face à l’appétit d’investisseurs et au délabrement dû au poids des âges et à une notion floue de patrimoine dans cette région du monde.
La phrase de la semaine.
« L’attaque de drone n’est pas seulement une violation de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale, c’est aussi un acte qui a été déclaré illégal par les lois internationales et la Charte de l’ONU » Nawaz Sharif.
Le futur premier ministre pakistanais, qui doit être intronisé le 5 juin est revenu sur la dernière sortie de drones américains dans les zones tribales pakistanaises. Une décision que regrette le vainqueur des dernières élections alors que Barack Obama a initié une nouvelle politique étrangère, censée s’écarter du concept de guerre contre la Terreur.
Le menace des anciens bâtiments de Calcutta.
« Regardez où vous avancez – il vaut mieux porter un casque – quand on marche sur Corporation Street, dans le quartier qui abrite les bureaux de la Municipalité de Calcutta » annonce The Times of India dans son enquête sur le délabrement de certains bâtiments datant de plus d’un siècle, de l’époque où Calcutta était la capitale des Indes Britanniques. Parmi eux, le cinéma Roxy qui tombe littéralement en pièces.
Pourtant, l’article explique que la municipalité de la mégalopole ne semble pas s’en soucier plus que ça. Une simple notice émise pour réparer le plus urgent alors qu’un accident peut affecter à tout moment l’ensemble de ce bâtiment qui abrite également des résidents et un restaurant. En 2005, la concession du bâtiment, établie pour 99 ans arrivait à expiration et des travaux devaient être entrepris. La municipalité avait alors permit à un investisseur de Bombay de reprendre la concession à un taux plus élevé, sans penser aux travaux dans l’immédiat.
La situation devient de plus en plus complexe au fur et à mesure que le bâtiment voit ses murs et ses fondations s’effriter. Contacté par le quotidien, un responsable indique que la viabilité du bâtiment reste incertaine. Pour Debasish Chakraborty, du département des bâtiments de la municipalité, de nombreuses parties du Roxy doivent être mises à bas, dont le fameux dôme. Symbole de l’héritage architectural de Calcutta, le bâtiment développe des fissures de plus en plus importantes. Les travaux a entreprendre sont coûteux et l’ensemble du processus est retardé par une bataille juridique.
La lutte pour la restauration de la splendeur de l’ancienne cité de Lahore.
L’ancienne cité fortifié de Lahore a besoin d’un rafraîchissement pour retrouver les fastes de son époque où elle était capitale de l’empire Moghol. Face aux nombreux travaux annoncés et nécessaires, les autorités de la vile font face à la résistance des vendeurs de rue, des promoteurs immobiliers et de la mafia locale. Pour le Guardian, Jason Burke s’est rendu dans la vieille ville pour comprendre l’origine de ces blocages et du mouvement d’opposition à la restauration des joyaux de l’époque moghole.
Symbole du prestige impérial et nœud majeur sur les routes de la soie, Lahore a aujourd’hui perdu de sa superbe. Les jardins et les squares de la ville fortifiée sont maintenant encombrés de magasins illégaux et l’horizon est flouté en raison des nombreux fils électriques. Pour les 200 000 habitants du secteur, l’eau courante est devenue rare, le crime y est élevé et le taux d’alphabétisation particulièrement bas.
Le mois dernier, la nouvelle autorité en charge de la ville fortifiée s’est réunie pour la première fois autour de projet de restauration de la splendeur du vieux cœur de Lahore. Comme souvent au Pakistan, c’est bien plus simple sur le papier. Leur première bataille consiste à se mettre la population et la mafia de leur côté. Il y a 6 mois, des travaux ont débuté dans les allées qui mènent à la mosquée de Wazir Khan. Les rénovations, d’un montant de 20 millions d’€ sont en grande partie financées par la Banque Mondiale.
Le projet rencontre l’opposition des commerçants locaux, dont le patrimoine de leur ville ne semble pas les intéresser. « Ils veulent un centre commerciale, une place commerciale » lance un sociologue. De nombreux propriétaires d’échoppes sont mécontents de cette restauration puisqu’ils vont perdre leurs magasins. Ils évoquent les compensations dérisoires et l’héritage commercial datant de leurs grands-parents. Les problèmes viennent aussi des puissants investisseurs qui rachètent les vieux bâtiments pour les détruire et reconstruire des appartements et des commerces. Souvent, ces bâtiments ont plusieurs siècles derrière eux. Tout cela se passe sous l’œil des mafias locales qui obtiennent des peaux de vin dans ses transactions. Si certains pensent que la restauration pourra amener les touristes, d’autres pensent que le climat de violence actuel aura raison des splendeurs de l’ancienne cité de Lahore.
Julien Lathus