L’Inde poursuit le renforcement de ces liens avec le continent africain qui devient progressivement une nouvelle frontière sur le plan du développement et de la diplomatie. Avec les pays africains qui sont en voie d’accélération et leurs économies qui montrent des signes de croissance, les compagnies indiennes cherchent à se placer dans les secteurs des minéraux, du pétrole et d’autres ressources naturelles.
En parallèle de la 48 ème Rencontre Annuelle du Développement Bancaire Africain qui se tient à Marrakech au Maroc, la Fédération des Chambres de Commerce et de l’Industrie Indienne (FICCI) et la Banque Exim ont tenu « Le Jour du Partenariat Indo-African ». En cette occasion, New Delhi a réaffirmé ses engagements face au développement du commerce entre l’Inde et l’Afrique. En 1991, les échanges entre les 2 peinaient à dépasser le milliards de $ alors qu’ils pèsent actuellement 68 milliards de $. L’Inde représente maintenant près de 6 % du commerce du continent africain. Entre 2011 et 2012, ce marché a connu une hausse de 28 % et même si il connaît un petit déclin pour 2012-2013, la dynamique de croissance est en route. Encouragé par la croissance de leur exportations et importations bilatérales, le commerce indo-africain se fixe pour objectif de dépasser la barre des 100 milliards de $ d’échanges d’ici à 2 ans.
« L’Afrique est un continent riche en ressources et possède un fort potentiel en matière de charbon, de minéraux, d’infrastructures, d’agriculture, ainsi que dans le secteur pharmaceutique et des biens de consommation » explique R.V. Kanoria, ancien président de la FICCI.
Des entreprises indiennes ont fait de gros progrès pour s’insérer sur le marché africain comme Airtel, entré en Afrique en 2010 en acquérant la compagnie de téléphonie Zain, présente dans 17 pays du continent pour 10 milliards de $ ou encore comme le groupe Tata qui a investi plus de 2 milliards dans différents projets. Néanmoins, les compagnies indiennes font face en Afrique à d’importants compétiteurs comme la Chine. Les entreprises chinoises d’état sont parvenues à mettre la main sur les ressources naturelles et le commerce en général en Afrique à grand coup d’opérations impliquant des budgets massifs.
En attendant, l’Inde poursuit sa route en avant sur les secteurs les plus contestés du marché africain comme le gaz et le pétrole. Après des rapports sur la perte du contrat de l’entreprise indienne d’état ONGC sur le gaz et le pétrole du Mozambique, de récentes informations suggèrent que la compagnie a décidé de partager le contrat de 5 à 6 milliards avec le Britannique Shell. Les 2 compagnies vont racheter les parts de Videocon et d’Anadarko.
Après ce succès dans le secteur énergétique, l’Inde profite déjà d’une présence significative dans des pays comme le Soudan, le Soudan du Sud, le Nigeria ou la Libye. Dans les faits, l’Inde dépasse même les USA sur les importations de pétrole issu du Nigeria.
Derrière ses perspectives positives pour l’Inde et l’Afrique, toutes les opérations indiennes ne sont pas aussi claires. Au début de l’année 2013, un rapport d’un think tank américain a mis en accusation les Indiens pour avoir accaparé des parcelles de terre à des locaux éthiopiens pour étendre leurs activités industrielles. L’Oakland Institut affirme que plus de 600 000 hectares de terre dans les provinces de Gambella et d’Afar ont été prises par les compagnies indiennes dans des circonstances sordides qui les ont dédié à la production d’huile de palme et de roses.
Toutefois, le processus poursuit son cours et New Delhi s’apprête à accueillir le rencontre « Indo-Africaine de Commerce » qui devrait se concentrer sur des questions de sécurité énergétique, à la fois pour l’Inde et pour l’Afrique, puisqu’elles représentent le défi majeur de leurs développements. De nombreux responsables gouvernementaux et des businessmen des 2 ensembles doivent y participer.
Julien Lathus