A de nombreuses reprises, les cadres du Parti du Peuple Pakistanais (PPP) avaient annoncé que l’ancien président serait arrêté dès qu’il poserait le pied sur le sol pakistanais. Il est recherché par les autorités pour des liens supposés dans l’assassinat de Benazir Bhutto.
L’ancien dirigeant militaire du Pakistan, Pervez Musharraf qui vit maintenant depuis 4 ans en exil auto-imposé entre Londres et Dubai a déclaré ce vendredi 1 mars qu’il souhaitait rentrer au Pakistan dès qu’un gouvernement intérimaire serait mis en place dans le mois de mars, avant les élections de mai.
« Dès qu’un gouvernement intérimaire serait en place, probablement le 16 mars, je rentrerais au Pakistan dans la semaine qui suit » a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse à Dubai. La planification de son retour semble bien précise puisqu’il a même indiqué qu’il atterrirait à Karachi ou à Rawalpindi.
Le PPP, au pouvoir, aura terminé son mandat de 5 ans le 16 mars prochain et il a entamé de négociations avec le principal parti d’opposition, le Ligue Musulmane du Pakistan (PML-N) pour former une curatelle destinée à superviser les prochaines élections générales qui doivent se tenir à la mi-mai.
A 69 ans, Pervez Musharraf avait démissionné en 2008 alors qu’une coalition parlementaire entamait une procédure de destitution à son encontre. Cette décision lui a permis d’éviter une arrestation pour ses connexions dans plusieurs affaires dont celle relative à l’assassinat de l’ancienne première ministre, Benazir Bhutto. « Je ne vois aucune raison qui ferait que je sois arrêté » adresse-t-il en réponse aux nombreuses questions sur la possibilité de son arrestation à son retour au Pakistan. « Il n’y a aucune procédure à mon encontre au niveau judiciaire. Si je dois être punis pour avoir apporté la croissance économique et pour avoir réduit le chômage, je suis prêt à m’expliquer devant un tribunal » lance-t-il. « Les gens disent qu’il est trop tard, qu’il y a des accusations contre moi, que ma vie est en danger, mais c’est maintenant ou jamais » rajoute-t-il pour souligner sa détermination.
Dans le passé, de nombreux cadres du PPP avaient affirmé que l’ancien président Musharraf serait arrêté au moment où il poserait le pied sur le sol pakistanais pour répondre de ses liens supposés dans le meurtre de Benazir Bhutto. Face à ses menaces, Pervez Musharraf avait dû à de nombreuses reprises repousser son retour d’exil. Et ces menaces restent sérieuses puisqu’une cour anti-terroriste avait qualifié l’ancien président de « fugitif pour avoir refusé de coopérer avec les enquêteurs qui travaillent sur l’attentat suicide qui avait coûté la vie à Benazir Bhutto en décembre 2007. Pour l’accusation, Musharraf aurait négligé une sécurité adéquate pour l’ancienne première ministre.
Pervez Musharraf qui a quitté le Pakistan au début de l’année 2009 affirme que son parti, La Ligue Musulmane de Tout le Pakistan « participerait pleinement » aux prochaines élections générales et qu’il présentait des candidats dans toutes les circonscriptions du pays. L’ancien président prévoit de faire mentir les sondages qui prévoient que son parti obtienne un seul siège dans 4 provinces et à Islamabad.
L’ancien chef des armées affirme que ces élections seront libres et impartiales seulement si elles sont supervisées par les militaires. « Les élections doivent se tenir dans un climat d’impartialité et de transparence qui ne peut être possible que si l’armée surveille ce processus » déclare-t-il. Il ajoute que son parti incarne l’alternative face aux 2 plus grands partis du pays, le PPP et le PML-N pour « rompre avec le statut-quo politique du Pakistan ».
Récemment, Pervez Musharraf a condamné les nombreuses attaques terroristes, contre la jeune activiste Malala Yusufzai et la minorité chiite Hazara. « Ces obscurantistes mal-guidés qui utilisent la religion comme prétexte au terrorisme salissent l’image du Pakistan et de l’Islam » déclare-t-il. Sur la fin de son règne, il soutenait les efforts pour parlementer avec les militants islamiques tout en soulignant la difficulté de cette tâche au regard de la division des Talibans en de nombreuses factions.
Julien Lathus