Après l’assassinat de 9 volontaires depuis le début de semaine, l’ONU, comme l’OMS en juillet dernier suspend sa campagne de vaccination contre la polio au Pakistan. Ces attaques ont eu lieu à Karachi, dans le sud du pays et dans le nord-ouest, dans la région de Peshawar. Un coup dur pour l’organisation comme pour les populations pakistanaises dans un pays où cette maladie est encore endémique.
Face à cette guerre contre la polio au Pakistan, les héros sont les volontaires qui n’hésitent pas pratiquer le porte à porte dans les bidonvilles ou dans les villes reculées du pays pour administrer le vaccin aux enfants. Alors que leur action devrait être reconnue par les populations comme d’utilité publique, ces campagnes sont souvent vues avec suspicion. Les islamistes sont particulièrement hostiles à la présence d’humanitaires tout en entretenant des théories du complot. Les vaccins comporteraient du porc ou rendraient stériles entend-t-on dans leurs rangs.
C’est dans ce contexte que de nombreux parents influençables ou illettrés refusent que leurs enfants soient vaccinés. A cela s’ajoute le fait que de nombreux commandants talibans accusent les humanitaires d’être des espions. Cette méfiance s’est accrue depuis l’affaire Shakeel Afridi. Ce médecin pakistanais a été condamné pour avoir participé à une fausse campagne de vaccination organisée par la CIA en 2011 pour s’assurer de la présence d’Oussama Ben Laden à Abottabad. L’opération avait été menée en mars 2011, peu avant le raid américain sur la planque du célèbre terroriste.
Au Pakistan, le nombre de cas de polio est passé de 198 en 2011 à 56 en 2012. Ces résultats encourageants sont dû aux près de 225 000 volontaires qui luttent contre cette maladie. La plus grande majorité des cas de polio sont concentrés dans les provinces pachtounes du nord mais également à Karachi où dans 90% des cas déclarés sont recensés dans les familles de cette ethnie.
Les autorités avaient prévu une autre campagne de vaccination pour le début de l’année, durant la période où la maladie a une faible capacité de propagation. Ces attaques risquent de contrarier ces plans. « Il est encore trop tôt pour prendre une décision sur la suite des évènements » explique un responsable gouvernemental. Un docteur déclare que les volontaires prennent de grands risques en se rendant dans certaines zones « Maintenant, plus de personnes meurent en tant que vaccinateurs que par la polio. Quelques chose ne va pas dans cette équation ».
Source :
The New York Times (USA) en VO.
Julien Lathus