Selon la Direction Nationale Afghane de Sécurité (NDS), le chef du groupe Al-Qaeda dans le sous-continent indien aurait été tué au cours du raid effectué dans la province afghane d’Helmand le 23 septembre dernier. Ce jour là, un tir aérien avait coûté la vie à plus de 40 personnes qui s’étaient rassemblées pour célébrer un mariage dans le district de Musa Qala, sous contrôle des Talibans. Conduite par l’armée afghane et les forces étrangères, l’opération visait selon les dires du ministère de la défense afghane « des terroristes étrangers » ainsi qu’une cache d’armes servant également à confection des explosifs.
Dans la maison à côté, soufflé par le bombardement, des civils fêtaient un mariage. Ces derniers viennent s’ajouter à la longue liste de civils tués en Afghanistan et qui ne cessent croître ces derniers mois suite à l’intensification des combats entre les forces afghanes et les Talibans. La situation inquiète les ONG internationales qui constatent que pour les six premiers mois de 2019, plus de civils ont été tués par des forces pro-gouvernementales que par les Talibans et les autres groupes djihadistes qui opèrent dans le pays.
Deux semaines après cet épisode et alors que les médias retenaient principalement l’information de nouvelles victimes civiles , la NDS afghane a annoncé qu’Asim Umar, chef du groupe Al-Qaeda dans le sous-continent indien (AQIS) avait trouvé la mort dans cette opération en publiant sur son compte Twitter des photos du suspect. Une d’Asim Umar vivant, l’autre de son supposé cadavre. Al-Qaeda n’a pas confirmé cette information et aucun avis de martyr n’a été publié sur le compte d’Asim Umar. Le gouvernement américain, comme l’armée US n’ont pas commenté l’information.
Selon les autorités afghanes, plusieurs autres cadres d’AQIS auraient également trouvé la mort dans cette opération dont un certain Raihan, considéré comme le messager faisant l’intermédiaire entre Asim Umar et Ayman Al-Zawahiri ainsi que le chef d’AQIS pour la province afghane d’Helmand où a eu lieu le bombardement, un dénommé Faizani. Plusieurs combattants étrangers, des Pakistanais et des Bangladais auraient également identifié.
« J’ai vraiment l’impression que je ne connaissais pas cette personne »
En septembre 2014, Ayman al-Zawahiri, le chef d’Al-Qaeda annonçait dans une vidéo d’une petite heure la création d’une branche de son organisation dédiée aux activités et opérations en Asie du Sud : Al-Qaeda dans le sous-continent indien. Fruit d’un travail de deux années passées à regrouper différentes factions islamiques armées de la région, l’organisation est placée sous la direction d’Asim Umar, un Indien ayant fait ses armes en tant que commandant au sein du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP).
A l’annonce de la nouvelle de la mort de l’émir d’AQIS, la petite ville de Sambhal, dans l’état indien d’Uttar Pradesh est devenue le centre d’attraction de nombreux journalistes qui se sont précipités sur les lieux où Asim Umar a grandit. « Qui étaient Asim Umar pour vous » ? Cette question, Rizwan ul-Haq, frère du chef d’AQIS l’a entendu des dizaines de fois depuis ce mercredi et comme à chaque fois il donne la même réponse : « Nous ne connaissons pas d’Asim, nous connaissons Sanaul. Nous l’appelions Sannu ».
En fait, il y a bien longtemps qu’Asim Umar a quitté son foyer. Ses derniers contacts avec sa famille remonteraient à 1998 quand il a quitté l’Inde. « L’annonce de sa mort ne me fait pas grand chose car maintenant, j’ai vraiment l’impression que je ne connaissais pas cette personne » reprend son frère. Cadet d’un fratrie de cinq enfants, Asim serait né entre 1974 et 1976. Il passe son enfance à Sambhal où sa famille le décrit comme un enfant « amical, investi à l’école et passionné de cricket ».
Après le collège, Asim Umar se rend à une centaine de kilomètre au nord, à Deband pour y suivre l’enseignement rigoriste du séminaire Dar-ul Uloom dont il ressort avec le titre de mollah. A la fin des années 1990, il se rend au Pakistan et en Afghanistan où il intègre les milieux militants armés tout en poursuivant ses études dans différentes madrassas avant de se fixer au sein du groupe Harkat-ul Jihad al-Islami qui possède des ramifications dans toute l’Asie du Sud.
Au milieu des années 2000, il se rapproche d’Al-Qaeda via le militant du Cachemire Ilyas Kashmiri et son nom est cité dans les enquêtes sur la Mosquée Rouge d’Islamabad, foyer du militantisme islamique dans la capitale pakistanaise jusqu’à sa prise d’assaut par l’armée en juillet 2007. Il rejoint ensuite le groupe Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) qui regroupe les Talibans pakistanais où il officie en tant que communicant à succès en publiant des vidéos de propagande et des écrits sur le jihad.
Julien Lathus