Le gouvernement sri-lanakais a fortement critiqué le rapport de l’ONU publié la semaine dernière sur les derniers mois de la guerre civile. Il indique que les allégations contre le gouvernement sont « erronées et infondées ». Le ministre des affaires étrangères a déclaré ce vendredi que le rapport « tentait une fois de plus à châtier le Sri Lanka pour avoir défait militairement la guérilla des Tigres Tamouls qui luttaient pour un état indépendant sur l’île du Sri Lanka ».
Le rapport de l’ONU démontre également l’échec de l’ONU dans la protection des civils durant les derniers mois de la guerre en 2009. « Un grave dysfonctionnement » qui a mené la souffrance des centaines de milliers de personnes. Le rapport met aussi en cause le personnel de l’ONU en poste à Colombo, la capitale du Sri Lanka pour ne pas avoir assumé leurs responsabilités dans la prévention de la mort de civils. L’année dernière, une enquête de l’ONU avait annoncé que 40 000 civils de la minorité tamoule avaient péris dans les derniers mois de la guerre.
Parallèlement à cette paralysie des forces de l’ONU, le rapport indique également des intimidations de la part du gouvernement sri-lankais à l’encontre du personnel des Nations-Unies. Parmi elles, des suspensions de visas pour les plus critiques envers le gouvernement ou la publication de fausses accusations contre eux dans les médias.
Ces accusations ont engendré la réplique du ministre des affaires étrangères ce vendredi. « Alors que ce rapport est une enquête interne concernant l’action de l’ONU au Sri Lanka pendant ce conflit terroriste, l’attention du ministre a été attirée sur certaines problématiques ayant rapport avec des accusations à l’encontre du gouvernement sir-lankais qui sont infondées, erronées et qui sont rejetées avec fermeté » indique le ministère dans un communiqué.
Il poursuite en argumentant que le rapport ne fait pas mention de l’intransigeance des Tigres Tamouls qui se servaient de civils comme de boucliers humains ou qui abattaient de sang-froid ceux qui essayaient de fuir vers la liberté ». Pourtant, malgré ces déclarations, le rapport de l’ONU est tout aussi critique envers les rebelles qui sont bien accusés d’avoir eu recours à des boucliers humains ou à des exécutions sommaires.
Ce rapport a été édité par un comité dirigé par Charles Petrie, un haut-fonctionnaire de l’organisation internationale. Il analyse les entreprises de l’ONU durant cette guerre d’un quart de siècle entre le gouvernement dominé par la majorité ethnique singhalaise et les rebelles de la minorité tamoule. Entre 1983 et 2009, cette guerre civile a un coût humain estimé entre 80 000 et 100 000 victimes, la majorité des civils.
Le ministre sri-lankais a également manifesté ses préoccupations quant à la fuite sur ce rapport. La BBC a indiqué qu’une partie du rapport avait fuité un jour avant sa publication, la semaine dernière. Cet extrait, obtenu par l’agence Associated Press peu avant sa publication, donnait un aperçu détaillant les échecs de l’ONU sur le terrain en précisant que le changement des conditions politiques après le 11 septembre avaient permis aux états d’être plus intransigeant dans la lutte contre des groupes armés, dont les rebelles Tigres Tamouls qui ont été estampillés sous l’appellation terroriste par de nombreux pays. Cet extrait a été retiré de la version publié le 14 novembre dernier.
Le ministère des affaires étrangères déclare que cette fuite était « inacceptable » et questionne désormais « l’intégrité des auteurs de ce rapport et leurs motivations cachées ». En réponse au retrait de ce passage sur la responsabilité des états dans le monde façonné par le 11 septembre, le ministère précise que cela « consiste à censurer la seule partie qui serve positivement les intérêts du monde ».
Sources :
Irish Examiner (Irlande) en VO.
Washington Post (USA) en VO.
Julien Lathus
Kodeck
27 novembre 2012
Comme d’habitude, le gouvernement srilankais n’accepte donc aucune critique. Il est trop chauvin, trop orgueilleux pour reconnaître ses propre erreurs. La réconciliation sera difficile, les tamouls étant toujours considérés comme des citoyens de seconde zone.
Kodeck
28 novembre 2012
Aujourd’hui, peu de choses ont changé. Bien que le LTTE a été vaincu, le peuple tamoul n’a toujours pas confiance dans les dirigeants cinghalais du Sri Lanka et ne fait pas confiance à l’armée pour les protéger. Bien que des concessions ont été faites au cours des 30 dernières années concernant les questions de l’autonomie et de la langue, il a été démontré que les promesses faites par le gouvernement cinghalais se matérialisent rarement dans la réalité. Un certain niveau de confiance doit être encouragée entre ces deux groupes afin qu’ils puissent occuper l’île ainsi que dans une relative harmonie. Le gouvernement cinghalais ne peut pas simplement occuper les zones tamoules et régner par la force. Lasantha Wickrematunge, journaliste sri-lankaise qui a été assassiné en 2009 par le gouvernement, résume bien:
L’occupation militaire du nord du pays et à l’est, il faudra que le peuple tamoul de ces régions à vivre éternellement comme citoyens de seconde classe, privés de tout respect de soi … Les blessures de la guerre seront les cicatrices pour toujours, et vous aurez une encore plus amère et diaspora haineux à combattre. Un problème se prêtent à une solution politique deviendra ainsi une plaie purulente qui donnera lutte pour l’éternité.
Les Cinghalais doit être sincère cette fois-ci. Ils doivent tenir leurs promesses au peuple tamoul et leur montrer que leurs intérêts et la sécurité peuvent être fournis dans un État sri-lankais uni. Sinon, ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne reprennent leur lutte violente pour un état qui leur est propre.