Le Sri Lanka, la leçon du tsunami de décembre 2004 et les nouvelles technologies.

Les puissants tremblements de terre de mercredi au large de l’Indonésie ont ravivé le spectre du tsunami de 2004 dans tout l’océan indien. Par chance, la répercussion de ces séismes sur l’océan n’a produit que de petites vagues.
Au Sri Lanka, les villes côtières de l’est …

Les puissants tremblements de terre de mercredi au large de l’Indonésie ont ravivé le spectre du tsunami de 2004 dans tout l’océan indien. Par chance, la répercussion de ces séismes sur l’océan n’a produit que de petites vagues.

Au Sri Lanka, les villes côtières de l’est et du sud ont été évacuées en prévention, après le déclenchement de l’alerte au tsunami mais cet ordre a été donné seulement à la deuxième secousse, d’une magnitude de 8,2. L’armée et les gardes-côtes ont supervisé l’évacuation et les principales routes du sud ont été coupées.

Plan d’action et panique.

Le directeur général du centre de gestion des catastrophes, le général Gamini Hettiarachchi affirmait après la mise en place de l’alerte « que la population sait ce qu’il faut faire et où aller. » Il met en avant les exercices d’alerte effectués dans le passée.

Pourtant, le directeur du bureau de géologie et des mines, le Dr Wijeyananda explique qu’il y a eu plus de 9 répliques après le premier séisme, dont celle mesurée à 8,2 sur l’échelle de Richter. Pour lui, la gestion du temps dans cette crise ne semble pas avoir été suffisamment efficace. « Si un tsunami est généré au large de l’Indonésie, il lui faut moins de 2h30 pour attendre les côtes du Sri Lanka » ajoute-t-il.

Les services hospitaliers de l’île ont été mis en alerte en attendant les éventuelles conséquences du tsunami. Les policiers ont été déployés dans les villes pour assurer l’évacuation et prévenir les débordements. Le porte-parole de la police explique « avec la panique, certains peuvent en profiter pour cambrioler des maisons ou des magasins, … il a été demandé à la police d’être vigilante ».

Si le gouvernement se veut rassurant sur la coordination des secours et la fiabilité des systèmes d’alerte et de prévention, certains se montrent plus critique et proposent de nouveaux outils.

Les médias sociaux à la rescousse

Dans The Island, Rohan Samarajiva introduit une nouvelle lecture des risques et des enjeux de prévention à l’ère des nouvelles technologies d’information et de communication. « En théorie, les gouvernements nationaux préviennent en cas de risque de tsunami. Ils sont d’ailleurs les seuls à pouvoir ordonner une évacuation. Pourtant, les médias sociaux supplantent le contrôle gouvernemental. »

Alors que le Sri Lanka n’est pas situé sur une zone sismique, le fait d’avoir ressenti les secousses du tremblement de terre a poussé les gens à s’informer. L’auteur explique qu’il a fait le lien entre ces secousses et le tremblement de terre qui venait de se produire au large d’Aceh dans les 15 minutes grâce à Twitter. Cherchant à confirmer cette information, il consulte le site américain USGS (United States Geological Service). Il émet son premier tweet basé sur les résultats du site 20 minutes après le tremblement de terre. Il était 14h29 au Sri Lanka.

Il explique qu’à la différence de 2004, les communications sont plus performantes, en particulier internet. Le gouvernement sri-lankais semble être resté à l’annonce sur les radios et les chaînes de télévision, or Rohan Samarajiva déclare que de nombreux bureaux n’ont pas de télévision, ni de radio. « Nous prenons nos informations sur le web et quand internet donne la bonne information, pourquoi s’en priver » ?

Le téléphone portable pour fixer les prix au marché (Sri Lanka) par lirneasia, flickr

Ce mercredi, à 14h49, le Pacific Tsunami Warning Center confirme un risque modéré de tsunami dans l’océan indien. L’auteur relaye l’information par Twitter instantanément, soit 40 minutes après la secousse.

Rohan Samarajiva démontre par cette expérience la rapidité des nouvelles communications et y oppose la réaction gouvernementale. Silence du département de météorologie, chargé de la prévention en matière de tsunami. « Sa dernière mise à jour remontait au 19 octobre 2010 » écrit-t-il. L’alerte officielle et l’ordre d’évacuation des côtes a été lancée à 16h30. Dés lors, le pays s’est arrêté dans un climat de forte désorganisation.

Les médias sociaux et internet ont irrémédiablement changé les possibilités d’avertir et d’informer. Le gouvernement n’en a pas pris conscience car « il a attendu trop longtemps avant de déclencher une évacuation inutile (dans ce cas) » conclut-t-il.

Sources

 The Sunday Island (Sri Lanka) en VO

The Sunday Leader (Sri Lanka) en VO

 

Julien Lathus.

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