Mr Salman Khurshid, 59 ans est devenu le nouveau ministre indien des affaires étrangères. Il aura la charge de représenter diplomatiquement l’Inde et surtout de faire fructifier le dossier complexe de la normalisation des liens entre son pays et le Pakistan. Dans ce sens, la religion musulmane du nouveau ministre aura-t-elle un poids dans cette dynamique ?
Salman Khurshid est le troisième Musulman à accéder à ce poste. L’annonce a été publiée hier par le ministère. De 20 ans de moins que son prédécesseur, S.M. Krishna, de nombreux journaux indien voient en lui le représentant d’une nouvelle direction pour les affaires étrangères indiennes.
Alors qu’S.M. Krishna multipliait les bourdes diplomatiques, Salman Khurshid apparait comme un orateur élégant qui passe fréquemment à la télévision indienne pour défendre la politique de son parti : le Congrès.
La nomination de Salman Khurshid à ce poste est le résultat de la politique du premier ministre qui cherche depuis 2004 à entretenir de meilleures relations avec le Pakistan. Cette résolution avait volé en éclat avec les attentats de Bombay de 2008 et ses plus de 160 morts.
Depuis, la reprise du dialogue en 2010, on a assisté à une focalisation sur le commerce pour améliorer les relations entre les deux pays, au détriment des questions militaires et frontalières avec le Cachemire comme point d’orgue. Cette dynamique marque une pause ces dernières semaines. En cause pour l’Inde : l’incapacité du Pakistan à poursuivre les auteurs et cerveaux des attaques de Bombay. Cette paralysie joue indéniablement sur les relations commerciales entre ces deux pays.
Malgré certains efforts vers la voie de la normalisation, Salman Khurshid ne pourra pas faire avancer les relations indo-pakistanaises tant qu’Islamabad ne jugera pas les protagonistes de ces attaques. « Il peut y avoir un changement en terme de perception mais rien au niveau de la substance » déclare Pradip Kumar Datta, professeur en sciences politiques à l’université de New Delhi.
Au Pakistan, les analystes politiques minimisent aussi la nomination de ce nouveau premier ministre. Pour Mohammad Waseem, également professeurs en sciences politiques, la religion musulmane de Salman Khurshid « ne fera pas de différence » dans la stratégie des deux pays.
Dimanche, pour sa première intervention, le ministre a indiqué qu’il ne poussera pas à un changement majeur dans la politique envers le Pakistan. L’Inde continuera à faire pression pour que les auteurs des attentats de Bombay soient jugés et pour que le Pakistan arrête certains militants qui menacent l’Inde.
Sources :
Daily News & Analysis (Inde) en VO.
India Real Time – Wall Street Journal (Inde) en VO.
Julien Lathus.