Au lendemain du bombardement indien au Pakistan contre un camp du groupe Jaish-e-Mohammad, responsable de l’attentat de Pulwama au Cachemire indien le 14 février dernier, la tension monte encore d’un cran avec la réplique pakistanaise. Ce mercredi matin, le Pakistan aurait abattu 2 avions indiens et arrêtés 2 pilotes. Comme hier, la situation est confuse et alimentée par des démentis et d’autres allégations. Le point sur les derniers développements.
Selon le ministère pakistanais des affaires étrangères, le Pakistan a conduit un raid ce mercredi matin au Cachemire Indien pour frapper une cible « non militaire ». « Aujourd’hui, l’armée de l’air pakistanaise a entrepris des tirs au delà de la Ligne de Contrôle depuis l’espace aérien pakistanais » affirme un communiqué du ministère qui explique que « si l’Inde se permet de cibler ce qu’elle appelle des soutiens des terroristes sans la moindre preuve, nous nous abrogeons aussi le droit à répliquer contre des éléments qui sous couvert de l’aide indienne perpétuent des actes de terrorisme au Pakistan ».
Suite à cette opération, le porte-parole de l’armée pakistanaise, le Major Général Asif Ghafoor annonce que des chasseurs indiens sont entrés au Pakistan et que 2 d’entre eux auraient été abattus. « En réponse aux bombardement de l’armée de l’air pakistanaise ce matin, l’armée de l’air indienne a franchi la Ligne de Contrôle. L’armée de l’air pakistanaise a abattu 2 avions indiens dans l’espace aérien pakistanais. L’un des avions s’est écrasé du côté du Cachemire indien, l’autre au Cachemire pakistanais. Deux pilotes indiens ont été arrêtés à terre par les militaires » a expliqué sur Twitter ce matin le porte-parole de l’armée pakistanaise, le Major Général Asif Ghafoor.
Pour lui, le Pakistan n’avait « pas le choix » et se devait de répondre au raid indien de la veille. Pourtant, il souligne que le Pakistan ne veut pas d’escalade dans cette crise et qu’il évitera de frapper des cibles militaires ou civils comme le pays l’a montré ce mercredi sur le terrain en ciblant 6 objectifs non physiques pour démontrer ses capacités à pouvoir frapper des cibles précises. « Nous avons engagé la procédure de combat dans une zone déserte où il n’y avait pas de présence humaine, ni d’installations militaires » a t-il déclaré au cours d’une conférence de presse à Islamabad.
Ce matin, une vidéo est apparue sur le compte Twitter du gouvernement indien avant d’être retirée. Elle montrait un soldat indien visiblement prisonnier des Pakistanais. Les yeux bandés et avec des traces de sang sur son uniforme, il a été sommé de se présenter face à une caméra. Après avoir donné son identité, son numéro de service et son rang, il explique qu’il n’en dira pas plus. Les responsables militaires pakistanais font état d’un pilote indien en phase d’interrogatoire et un second pilote soigné dans un hôpital.
Coté indien, on dément cette version et on évoque plus une incursion pakistanaise dans l’espace aérien qui s’est soldé par une chasse et l’abattage d’un F16 pakistanais. Un haut responsable indien a indiqué au Guardian que les chasseurs pakistanais avaient été pris en chasse près de 3 villages précédemment évacué dans le district de Rajouri au Cachemire indien, peu après 10H30 ce matin.
Dans l’après-midi, le porte-parole du ministère indien des affaires étrangères a pris la parole dans une courte intervention confirmant que l’Inde avait engagé un combat aérien avec des avions pakistanais au cours duquel les 2 armées ont connu des pertes. « (à l’opération contre le camp du Jaish-e-Mohammad), le Pakistan a répondu ce matin en utilisant son aviation pour cibler des installations militaires du côté indien. Grâce à notre réaction, cette opération pakistanaise a échoué. Leurs avions ont été détecté et notre force aérienne a immédiatement répondu » explique-t-il.
« Un des chasseurs pakistanais a été abattu par un MIG 21 Bison indien. Dans cette opération, nous avons perdu un MIG 21. Le pilote est déclaré perdu en opération. Le Pakistan déclare qu’il a été récupéré et placé en détention, ce que nous sommes toujours en train de vérifier » reprend-t-il avant de quitter la salle de conférence sans répondre aux questions des journalistes présents.
Peu après cette annonce indienne, le premier ministre pakistanais, Imran Khan a pris la parole au cours d’une intervention télévisée en indiquant que le Pakistan était prêt pour le dialogue avec l’Inde tout en invitant cette dernière à ne pas se lancer dans une guerre « mal évaluée ». « Nous comprenons la peine que vous avez ressenti après Pulwama et nous sommes prêt à un dialogue honnête. Asseyons-nous et réglons cette affaire par le dialogue » lance-t-il en rappelant qu’il n’est pas dans l’intérêt pakistanais de laisser les terroristes utiliser le sol pakistanais pour leurs activités.
Sur la question du raid indien de la veille contre le Jaish-e-Mohammad qui a conduit l’Inde a violé la souveraineté territoriale pakistanaise, Imran Khan déclare que le Pakistan n’avait pas encore répondu à cette action. « Il aurait été irresponsable de causer des pertes de leur côté » explique-t-il en insistant sur le fait qu’il ne voulait pas précipiter une guerre sur une mauvaise appréciation des événements. « Tous les guerres sont de mauvais calculs… La première guerre mondial devait être gagnée en quelques semaines, elle a duré 4 ans. De la même manière, la guerre contre la terreur n’était pas censée durer 17 ans » prend-t-il comme exemple pour montrer que l’Inde et le Pakistan ne peuvent pas se permettre une erreur de calcul dans la situation présente. « Le bon sens devrait prévaloir ».
Concernant l’abattage des chasseurs indiens, le premier ministre pakistanais déclare que cela permettait de montrer à l’Inde « ce qui les attends si ils cherchent à entrer dans notre pays ». « Deux de leurs MIG qui ont franchi la frontière ont été abattus. A partir de là je veux dire à l’Inde qu’il est essentiel d’utiliser notre matière grise et d’agir avec sagesse ».
Cette situation a engendré ce fortes perturbations dans le trafic aérien civil de la région puisque le Pakistan a annoncé la fermeture de son espace aérien jusqu’à minuit ce jeudi. « Tous les vols civils ont été suspendus » déclare un responsable pakistanais. Le site Flight Radar 24 rend compte de la situation et montre l’espace aérien pakistanais complètement vide ce mardi. En Inde, 9 aéroports situés dans la zone frontalière avec le Pakistan ont été fermés jusque dans le milieu d’après-midi, leurs vols annulés et par mesure de sécurité, tous les avions ont du passer par un corridor aérien situé au niveau de Mumbai.
Julien Lathus