Après des semaines de spéculation, Nawaz Sharif, premier ministre du Pakistan vient de nommer le Lieutenant général, Raheel Sharif au rang de nouveau chef des armées pakistanaise, avec le lieutenant Rashid Mehmood comme co-dirigeant.
Nawaz Sharif les avait chaudement recommandé auprès du président du Pakistan, Manmoon Hussain, qui a suivi ce choix. Le lieutenant Sharif remplacera donc le Général Ashfaq Parvez Kayani, 61 ans, à partir de vendredi, après 6 années passées à la tête de l’armée pakistanaise. Le 6 octobre dernier, Kayani avait mis fin aux rumeurs sur son éventuelle prolongation en éditant un communiqué. « Mon mandat prendra fin le 29 novembre prochain. En ce jour, je me retirerai » expliquait-t-il.
Ashfaq Parvez Kayani avait été placé à la tête de l’armée pakistanaise en 2007 par le général-président Pervez Musharraf. En 2010, une extension de son mandat de 3 années lui avait été conférée par le premier ministre Yousuf Raza Gilani.
Les 2 nouveaux maîtres de la puissante armée pakistanaise sont tous deux des militaires de carrière au passé glorieux, soit dans les services de renseignements ou les différentes écoles militaires du pays.
Plus tôt dans la journée, le premier ministre s’est entretenu avec ses 2 nouveaux interlocuteurs dans des entrevues séparées où il aurait été question de sujets liés à la sécurité nationale. Devenu général, Raheel Sharif vient d’une famille où l’armée est une tradition. Son frère a par ailleurs reçu la plus haute distinction militaire, la médaille Nishan-e-Haider après avoir été tué au combat en 1971 dans la guerre contre l’Inde.
La sélection d’un chef de l’armée au Pakistan est un exercice délicat pour un gouvernement civil puisque l’armée est souvent décrite dans ce système comme un état dans l’état et durant de nombreuses années, ce fut elle qui dictait la politique étrangère du pays en lien avec les services secrets, parmi les plus efficaces au monde. Avec le choix de Raheel Sharif, le premier ministre s’assure les services d’un homme ami de sa famille et vu comme un poursuivant de la politique de Kayani.
Sous la tenure de Kayani, l’armée qui par le passé à souvent pris le pouvoir au Pakistan au cours de coups d’état, s’était fait plus discrète. A de nombreuses reprises, le général Kayani s’était même prononcé pour un changement de cap, que ce soit face à la relation qui oppose le Pakistan à l’Inde en jouant la carte de l’apaisement, où dans le rôle interne de l’armée en préconisant moins de fonds pour les militaires au profit du peuple.
A partir de vendredi, Raheel Sharif héritera toutefois d’une armée confrontée à d’importants défis internes comme la montée en puissance des Talibans pakistanais ou la suite de la crise de crédit liée au raid américain contre Ben Laden à Abbottabad où est établi l’une des principales académies militaires du Pakistan. La stabilisation de la province du Balouchistan apparaît aussi comme un dossier prioritaire pour le nouveau responsable de l’armée.
Sur le plan extérieur, des dossiers brûlants l’attendent comme la gestion de la tumultueuse relation du pays avec les USA ou l’Inde, mais également la place du Pakistan dans le futur de l’Afghanistan que les troupes de l’OTAN s’apprêtent à quitter l’année prochaine. Malgré les relations houleuses entre le Pakistan et les USA, l’armée pakistanaise reçoit toujours une précieuse aide financière de la part de son allié américain, évaluée à près de 23 milliards de dollars par an.
Julien Lathus