Alors que les violences ensanglantent à nouveau le Bangladesh à l’issu de la grève générale de 10 jours lancée par le principal parti d’opposition, l’avenir politique du pays s’obscurcit. Face aux élections qui doivent se tenir en janvier 2014, la proposition d’un gouvernement intérimaire vient d’être rejeté, l’Inde et les USA s’inquiètent et la crise politique rappelle que le Bangladesh a subit 19 coups d’État depuis 1975.
Depuis 4 jours, la grève générale lancée par le parti d’opposition BNP se pare de violences politiques qui ont déjà coûté la vie à au moins 27 personnes à travers le pays. Si la confrontation entre les 2 principaux partis ne montre aucun signe de faiblesse, la loi de la raison et du consensus semble s’effacer et l’on aperçoit aucune lumière au bout du tunnel.
Le Parti Nationaliste du Bangladesh (BNP) et ses alliés islamistes ont appelé à la mobilisation pour forcer Sheik Hasina, la première ministre issue la Ligue Awami à démissionner avant les élections de janvier. En conséquence, le pays vit au ralenti. Écoles, magasins et entreprises ont fermé leurs portes et la police comme les forces paramilitaires ont pris le contrôle des rues.
Jusqu’à présent, les négociations pour enrayer la crise ont échoué. La chef de l’opposition, et ancienne première ministre, Khaleda Zia avait refusé d’annuler l’appel à la grève et Sheik Hasina s’oppose à l’idée d’un gouvernement transitoire, lui préférant l’idée d’un gouvernement intermédiaire, composé de tous les partis et dirigé par ses soins.
Ce lundi, c’est pourtant cette dernière option que Sheik Hasina a proposé pour tenter de désamorcer la crise. Six nouveaux ministres sont ainsi rentrés au gouvernement pour mener à bien la transition vers les élections. Sans surprise, le BNP a qualifié de « farce » ce coup de poker tout en faisant planer la menace de boycott des prochaines échéances électorales.
Face à la situation, l’Inde a annoncé samedi qu’elle allait tenir des consultations avec les USA sur l’impasse politique de son voisin. « Nous pouvons vous annoncer que nous discutons de la situation du Bangladesh avec différents pays qui ont tout intérêt à voir un Bangladesh stable et pacifié. Nous en parlons avec le gouvernement américain » rapporte le haut Commissaire indien Pankaj Saran.
Une crise bien plus profonde.
A l’approche des élections, nombreux pensent que l’arrestation et le jugement pour crimes de guerre perpétrés au cours de la guerre de Libération de 1971 des principales figures du BNP ne permet pas de refermer les plaies de la nation mais qu’ils participent à alimenter la crise que traverse le pays. Dans cette dynamique qui fonde un climat social et politique volatile, le gouvernement, sous tension est obligé de jouer à l’équilibriste en fondant sa politique heures par heures, jours par jours et semaines par semaines. Le chaos n’est pas loin et la démocratie semble en pâtir.
Les télévisions du Bangladesh montrent les violences, les cocktails molotov qui volent dans les rues des villes du pays. Face au vandalisme, aux pillages, aux bus en feu, aux violences policières et politiques, la diaspora bengalie se demandent comment et quand leur pays verra la paix et la stabilité m’emporter.
Aujourd’hui, le pays est devenu particulièrement instable. Le Bangladesh ne reçoit plus d’aides, les investisseurs frémissent, les services s’écroulent, et des faux groupes de businessmen profitent de la situation pour faire fructifier le crime organisé en bénéficiant d’une corruption galopante. Un sentiment général s’en dégage : ceux d’une nation qui vacille et qui souffre d’un grave problème de leadership.
Julien Lathus