Alors que l’Inde connaît son plus bas taux de croissance depuis une décennie, toute une série de paramètres peuvent expliquer cette baisse. Ils représentent autant de défis pour un pays au potentiel économique majeur.
Mi juin, le ministre indien des affaires étrangères, Salman Khurshid annonçait que l’Inde devrait retrouver un taux de croissance de 7 à 8 % dans les prochaines années. Pourtant derrière cet optimisme affiché lors d’une conférence à l’Université d’Oxford, les performances économiques actuelles de l’Inde restent marquées par une franche morosité. Après avoir résisté depuis le début de la crise financière et économique, l’Inde a vu son taux de croissance chuter progressivement. De 9,3 % en 2010-2011, il est passé à 5 % pour l’année fiscale 2012-2013.
Une balance commerciale extérieure déficitaire…
« Il est important de garder à l’esprit que nous faisons toujours mieux que le reste du monde et que l’une des raisons de cette descente à 5 % après avoir eu 8 à 9 ans de croissance à 8 % est imputable au ralentissement économique de l’Europe qui ne nous permet plus d’exporter comme avant » explique le ministre indien qui tente de relativiser les mauvaises performances de l’économie indienne.
Si il est vrai que l’Inde possède une balance commerciale déficitaire en 2011-2012, les déficits les plus importants sont enregistrés avec la Chine, l’Arabie Saoudite, l’Irak et le Koweït. Le ministre indien en charge du commerce et de l’industrie, Anand Sharma indiquait néanmoins en fin d’année dernière que le cumul des 10 pays où l’Inde exportait le plus absorbait près de 35 % du total des exportations du pays. Parmi ces pays, aux côtés des USA ou de Singapour se trouvent les Pays-Bas, l’Allemagne, la Belgique ou la Suisse.
…mais d’importants problèmes internes.
Certes une baisse des exportations est à prendre en compte pour expliquer ces chiffres mais l’entrave la plus importante à l’économie indienne repose principalement sur le dépassement du budget gouvernemental, sur le manque de réformes nécessaires à attirer les investissements et sur certains problèmes structurels, à commencer par la crise énergétique que connaît le pays.
La gigantesque panne électrique qui a plongé 600 millions d’Indiens dans le noir durant plusieurs jours l’été dernier est un des symboles de cette crise indienne. Face à la baisse des exportations, les importations en pétrole ou en charbon continuent de creuser le déficit fiscal du pays. En réponse, New Delhi a annoncé une hausse du prix de l’essence qui devrait intervenir ces prochains mois.
Si la crise économique mondiale a bon dos, l’Inde connaît une grave crise de confiance concernant les investissements étrangers. En 2012, il ont chuté de près de 78 % en raison des inquiétudes sur la corruption, des délais dû à la lourdeur bureaucratique et de l’attente sur le front des réformes. Et cela alors que l’Inde était considéré comme une destination phare pour l’arrivé de flux financiers ces dernières années. L’ouverture limitée aux secteurs de la grande distribution, de l’aviation et de la diffusion n’a pas encore pu être évaluée mais la frilosité des investisseurs demeure tant que le pays n’entreprendra pas de grandes réformes sur ce plan.
L’Inde, première puissance économique en 2030 ?
Pourtant, malgré ces nombreux handicaps, plusieurs études ont récemment dévoilé le potentiel de l’économie indienne, qui pourrait atteindre des sommets ces prochaines années. Fin 2012, un rapport du Conseil National des Renseignements américains indiquait que l’Inde pourrait devenir d’ici 2030 la première puissance économique mondiale.
L’économie indienne pourrait être dynamisée sur la plan intérieur par l’expansion de la classe moyenne et son appétit de consommation. Alors qu’elle représente actuellement 10 % de la population du pays, elle pourrait regrouper la moitié des Indiens vers 2030. De quoi dynamiser le marché intérieur, surtout que le poids démographique des forces vives en âge de travailler atteindra son pic vers 2050. Le nombre d’Indiens en âge de travailler dépassera alors le milliard de personnes.
Face à ses perspectives plutôt positives, ce rapport met néanmoins en garde face aux inégalités qui opposent l’Inde des villes à celles des champs. Un clivage géographique et ethnique pourrait alors engendrer de graves troubles alimentées par des crises hydrologiques, alimentaires et sociales. A cela s’ajoutent les défis du changement climatique et la gestion d’une géopolitique régionale complexe.
Julien Lathus