La Banque Mondiale a annoncé jeudi qu’elle allait prêter à l’Inde entre 3 à 5 milliards de $ par an durant les 4 prochaines années pour soutenir un plan visant à éradiquer l’extrême pauvreté. L’initiative s’inscrit dans le plan ambitieux de la Banque Mondiale de lutte contre l’extrême pauvreté. Le président de l’institution de Washington, Jim Yong Kim s’engage à ramener la proportion de gens vivant avec moins d’1,25 $ par jour de 21% en 2010 à 3 % d’ici 2030.
« Nous sommes à un tournant de l’histoire, où les succès des décennies antérieures et les perspectives économiques de plus en plus favorables se conjuguent pour offrir aux pays en développement une occasion, la toute première, de mettre fin à l’extrême pauvreté en une génération, » a déclaré M. Kim dans un discours prononcé à Georgetown University. « Il nous incombe désormais de profiter de cette conjoncture favorable pour prendre des décisions délibérées et réaliser cet objectif historique ». Mr Kim laisse entendre que l’Inde sera le premier pays à expérimenter cette nouvelle stratégie.
« Près de 60 % de ces fonds financeront des projets soutenus par les gouvernements locaux et 30 % du financement ira vers les États indiens à faible revenu et dénués de services publics » explique la Banque Mondiale dans un communiqué. Le programme cherche à s’investir dans les 7 états les plus pauvres de l’Inde qui concentrent 30% de très pauvres en 2010 et la moitié de la population totale de l’Inde. Le but est d’atteindre 5,5 % de pauvres d’ici 2030. Un pari ambitieux pour le Bihar, le Chhattisgarh, le Jharkhand, le Madhya Pradesh, l’Odisha, le Rajasthan et l’Uttar Pradesh, tous concentrés dans la partie nord du pays.
Il y a un mois, Jim Yong Kim était en visite en Inde pour collecter des informations sur les défis du développement dans le pays et observer les opportunités possibles de réduction de la pauvreté. Dans une Inde où 10 millions de personnes participent chaque année à l’exode rural, les villes indiennes apparaissent comme un des aspects les plus criants de la nécessité de développement. « Un quart de la population urbaine en Inde vit dans des bidonvilles avec des accès limités à l’eau potable, aux sanitaires, à l’électricité et aux transports publics. Je suis ici pour voir comment la Banque Mondiale peut soutenir l’Inde à faire de ses centres urbains un endroit vivable » expliquait-t-il.
Pour les 5 années à venir, la stratégie mise en place devrait se focaliser sur 3 secteurs-clés : l’intégration, la transformation et l’inclusion, le tout dans un esprit de meilleure gouvernance, de durabilité environnementale et d’égalité entre les sexes. La Banque Mondiale encourage les investissements publics et privés à destination de l’amélioration des infrastructures en appelant à d’importantes réformes concernant le secteur énergétique. En ligne de mire apparaît également les enjeux d’intégration économique, du système de santé et de nutrition.
L’Inde est le plus important client de la Banque Mondiale. Entre 2009 et 2013, le pays a reçu pour près de 25 milliards de $ de prêts, dispatchés dans 76 projets. Néanmoins, l’action de l’organisme mondial fait grincer des dents dans les milieux de gauche indien. « Sur les 25 milliards dépensés par la Banque Mondiale, tout est allé dans les secteurs corporatifs. La pauvreté s’est accrue durant cette période » explique Sivaram du Parti Communiste Indien Marxiste Léniniste alors qu’une manifestation contre la Banque Mondiale bat son plein en Odisha. Le programme est accusé de détruire l’environnement et de déplacé les populations rurales.
Julien Lathus