La marine du Bangladesh a repêché les corps de 27 pêcheurs, probablement tués dans d’une importante attaque de pirates. Les mains liées dans le dos, ils auraient été jetés en pleine mer. Les corps ont été découverts dans la baie du Bengale où depuis de nombreuses années, les pirates ont installé un régime de terreur basé sur le vol, les enlèvements et l’extorsion d’argent. Ce sont les pêcheurs côtiers qui paient le plus lourd tribut de ces attaques.
« Mardi, nos bateaux ont découvert 17 corps flottants à environ 12 km à l’ouest du phare de l’île de Kutubdia (au sud du pays) » indique le commandant Mustafizur Rahman. Cette macabre découverte s’ajoute aux 3 autres retrouvés lundi. « Tous les corps étaient dans un état de décomposition avancée. Ils avaient les mains liées. Ils ont été jetés à l’eau » ajoute-t-il. Pour le chef de la police de Cox Bazaar, Imran Bhuiyan, les pirates ont probablement jeté les pêcheurs vivants à l’eau après leur avoir volé leurs embarcations et leurs filets. Depuis le début de la semaine, chaque jour, les autorités en retrouvent. Pour le moment, il y aurait 27 victimes. Selon les derniers décomptes, 4 manqueraient toujours à l’appel.
Des milliers de pêcheurs vivant dans les villages côtiers près de Chittagong, le grand port du pays, bravent quotidiennement la mer dans leurs bateaux en bois pour gagner leurs vies. Mais les récentes attaques semblent avoir ébranlées leur courage. Ils sont maintenant beaucoup à envisager quitter la profession en raison du manque de sécurité.
Loin des clichés de la piraterie maritime moderne s’attaquant aux yachts et à la marine marchande, au Bangladesh, ce sont les pêcheurs qui subissent le plus les attaques de pirates. Nombreux sont ceux qui peuvent témoigner des enlèvements et des tortures, mais le meurtre de tant d’entre eux d’un seul coup est un choc. Personne ne semble vraiment savoir pourquoi ils ont été tués alors que les pirates demandent habituellement des rançons. Dans les familles, on pense qu’ils ont été éliminés car les pirates étaient connus des pêcheurs.
Pour Jannatul Ferdous, femme d’une des victimes, le traumatisme est insupportable. Il y a 4 mois, son mari avait été enlevé par les pirates et libéré quelques jours plus tard contre une importante rançon. Il n’était pas retourné pêché mais sa maison est composée de 4 bouches à nourrir. La mer était sa seule source de survie. « Il hésitait tous ces derniers mois mais les nécessités l’ont poussé à reprendre la mer » explique-t-elle. Cela devait être son dernier voyage en mer avant de chercher un autre travail. « Je ne laisserai pas mon fils prendre la mer » s’éplore cette veuve.
En août dernier, les autorités du Bangladesh avaient secouru près de 60 pêcheurs enlevés par les pirates dans la baie du Bengale mais les tentatives d’éradication des pirates par les moyens maritimes ou aériens ne marchent pas. Les pirates agissent toujours dans la zone avec une grande liberté.
Julien Lathus