Les autorités pakistanaises ont annoncé avoir empoisonné des centaines de chiens errants dans la ville de Karachi dans le but de lutter contre leurs attaques qui touchent des milliers de personnes chaque année dans la bouillonnante mégalopole de 20 millions d’habitants. Les cadavres des chiens ont été regroupés par des ouvriers municipaux en vue de leurs traitements.
« Au moins 700 chiens ont été tué dans deux zones du sud de Karachi ces derniers jours » déclarait Sattar Javed, porte-parole des autorités municipales en début de semaine dernière. Des responsables de la ville estiment toutefois que ces opérations auraient permis d’abattre des milliers de chiens errants. Tous les comptes, notamment pour 6 districts, seraient encore incomplets.
Ces abattages périodiques où les chiens sont empoisonnés par des tablettes de poison dissimulées dans de la viande de poulets soulèvent de vives critiques de la part des activistes des droits des animaux au Pakistan. Pour Mohammad Zahid, responsable municipal, cet ultime recours est nécessaires en raison des dangers que font planer les meutes de chiens sur les habitants de la ville.
Dr Seemin Jamali, chef des urgences de l’hôpital Jinnah explique que ces services ont soigné 6500 personnes mordues par des chiens l’année dernière et que pour 2016, ils en sont à 3700 cas de morsures.
En 2010, un rapport de l’OMS rappelait qu’avec 97 000 cas de transmission de la rage par an, le Pakistan demeure l’un des pays au monde les plus touchés par cette maladie. Dans 99 % des cas, les chiens sont mis en cause. En cas de non-traitement de la morsure, la mort est alors inévitable. Depuis le début de l’année, 6 personnes sont mortes de la rage à Karachi et depuis 2010, cette tendance semble à la hausse. L’abattage systématique des chiens errants est une des recommandations que l’on peut lire dans le rapport de l’OMS où les spécialistes mettent surtout en avant des campagnes de stérilisation.
Si les organisations des droits des animaux se sont indignés, ils n’ont pas été les seuls car de nombreux habitants se sont offusqués de voir la ville empoisonner autant de chiens d’un seul coup et d’exposer leurs cadavres dans les rues. Sur les réseaux sociaux, les internautes ont pu laisser des commentaires tels que « Passez le mot : Honte aux autorités de Karachi » ou encore « Plus de cruauté ».
Pour Mahera Omar, co-fondatrice de la Société de Défense des Animaux du Pakistan (PAWS), le pays tue ces chiens errants depuis la partition du sous-continent et la fondation du Pakistan. « Cela arrive tous les jours, tous les mois, bref, tout le temps. Ce n’est pas un phénomène nouveau, c’est juste qu’aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, les gens sont plus informés » annonce-t-elle avant de reprendre que « la voix de ceux qui n’aiment pas ces chiens est plus forte que celles de leurs défenseurs. PAWS milite pour une approche plus humaine de la gestion des chiens errants et du contrôle de la rage. C’est une question de santé publique ».
Julien Lathus