Une grève de 72 heures vient d’être lancée par les Gurkhas, qui en tant que groupe ethnique du nord de l’état du Bengale Occidental demande la création d’un état séparé. De langue népalaise, ces citoyens indiens revendiquent depuis longtemps un état Gurkahland, intégré dans l’Union Indienne. Majoritaires dans le district vallonné de Darjeeling où est produit le thé du même nom, leur mobilisation à l’appel du Parti Gurkha Janamukti Morcha (GJM) engendre une totale paralysie de la zone.
Un nombre important de policiers et de paramilitaires a été déployé dans la région pour prévenir tous incidents. Pour les locaux, une chose est sûre : cette grève va profondément affecter le tourisme et la production de thé.
La grève a débuté ce lundi matin, à 6h et déjà le trafic routier s’est étouffé sur la route reliant Siliguri à Darjeeling. Les militants Gurkhas ont bloqué la majorité des grandes routes de la région et la ville de Darjeeling s’est vidée de ces touristes par crainte d’incidents. Depuis ce matin, une douzaine de militants ont été arrêtés pour avoir incendié quelques véhicules dans le district de Rambi.
Alors que les manifestants se rassemblent dans la région, le GJM a écrit une doléance au premier ministre indien, Manmohan Singh, l’enjoignant à accepter la demande d’un état que le parti souhaite nommé le Gurkhaland.
Une revendication ancienne.
« Notre demande pour le Gurkhaland est ancienne et des générations de notre peuple se sont battues pour elle. Maintenant, nous en avons besoin car nous ne voyons aucun futur pour nous au sein de l’état du Bengale-Occidental » explique Roshan Giri, le secrétaire général du GJM. Face à la décision du Parti du Congrès, en poste à New Delhi de « considérer la création de l’état du Telangana dans le sud de l’Andhra Pradesh, Roshan Giri souffle qu’il est à présent temps pour eux de concéder le Gurkhaland.
« Notre demande pour un état séparé est toute aussi vieille, toute aussi justifiée et toute aussi sensée que celle pour un Telangana séparé » rajoute-t-il. En juin 2011, son parti avait signé un accord avec le gouvernement indien et avec celui du Bengale-Occidental pour une plus grande autonomie. Cet accord avait alors posé les jalons d’un Territoire Administré Gurkhaland (GTA), avec son corps politique élu dans la zone des collines de Darjeeling.
Face à ses revendications, Mamata Banerjee, la ministre en chef de l’état du Bengale-Occidental a déclaré qu’elle était inquiétée face à l’agitation et elle a prévenu qu’elle interviendrait de manière forte en cas de troubles tendant vers des actes violents.
Les Gurkhas militent pour un état séparé depuis le début des années 1980. Un accord leur avait permit de gagner une considérable autonomie en 1988, pour mettre fin à leur mouvement qui coûta la vie à plus de 1200 personnes. Pourtant, 5 ans plus tard, le mouvement fut de retour par les défenseurs d’une ligne dure qui affirmaient que l’accord d’autonomie ne fonctionnait pas.
Julien Lathus