Quelques jours après l’essai réussi du missile intercontinental indien Agni V (voir article The Indian Papers du 18 avril 2012), des médias ont rapporté que le Pakistan avait informé l’Inde de ses volontés de conduire un test similaire de missile à longue portée. Ce jeudi, plusieurs journaux du sous-continent rapportent néanmoins qu’une fuite sur cet essai ait pu induire en erreur les véritables enjeux de cet essai.
Fuite de l’information ?
Ce jeudi, le Pakistan accuse l’Inde d’avoir violé le traité de 2005 en laissant filtrer aux médias indiens l’information selon laquelle le Pakistan devait lancer son missile.
Mercredi, le lancement du missile pakistanais avait été notifié à l’Inde (voir article The Indian Papers du 25 avril 2012). Normalement, le Pakistan et l’Inde s’informent mutuellement, 7 jours à l’avance, des tests de missile longue portée. Mais la fuite de l’information aux médias semble représenter une violation du traité au regard du rapport publié par le journal pakistanais The News. Un membre du gouvernement indien aurait transmit l’information aux médias indiens bien avant que le Pakistan effectue son test.
Le rapport annonce que les officiels pakistanais ne sont pas prêt pour le moment à s’expliquer sur l’affaire en public mais ils déclarent que l’Inde a permit une fuite de l’information et que cet acte est une violation des accords bilatéraux de 2005.
« Avec cette fuite, l’Inde a voulut faire de l’essai pakistanais une réponse à celui indien. Il est bien connu dans les milieux sécuritaires que l’élaboration d’un test pareil prend des mois et qu’il n’est pas possible de l’effectuer capricieusement sur un coup de tête. » lit-t-on dans le rapport.
Le journal indien Firstpost s’interroge : « Est-ce que l’Inde a en effet violé l’accord bilatéral ? Plus encore, l’Inde n’a-t-elle pas brisée la confiance du Pakistan ? »
Réaction du gouvernement américain.
En pleine crise des relations entre le Pakistan et les USA, le gouvernement américain a décidé de ne pas critiquer l’essai du missile balistique pakistanais. Il appelle néanmoins à une certaine retenue.
« Nous émettons le même message que nous avons exprimé après le test indien de la semaine dernière : nous demandons à toutes les nations possédant l’arme nucléaire de la retenue sur ce point. » déclare la porte-parole du département d’état américain, Victoria Nuland.
« Nous comprenons que ce tir était prévu. Les Pakistanais ont déclaré que cet essai n’était pas une réponse directe à celui indien » poursuit-t-elle.
Dans cette affaire, Victoria Nuland retient particulièrement le fait qu’Islamabad a prévenu New Delhi de la tenue de cet essai. « Mais le plus important semble qu’ils aient pris l’initiative de prévenir les Indiens de cet essai, et nous sommes, comme vous le savez, particulièrement attentif à ce que les deux pays poursuivent leur dialogue. » conclut-t-elle.
Avant la révélation de cette fuite, la plupart des analystes pensaient que ces deux essais ne devraient pas faire dérailler le processus de réchauffement entre les deux pays, instauré depuis la visite du président pakistanais Ali Asif Zardari (voir article The Indian Papers du 8 avril 2012).
Pour Raja Mohan, membre du think tank indien Observer Research Foundation, les deux essais sont très différents. « L’Inde cherche à acquérir un certain équilibre face à la Chine en développant une capacité de dissuasion crédible alors que le Pakistan veut s’assurer un pouvoir dissuasif pour quelques décennies. » déclare-t-il.
Reportage sur le missile pakistanais et les relations indo-pakistanaises sur Al Jazeera
Sources :
Al Jazeera Chanel (Qatar) sur youtube
Firstpost (Inde) en VO
The News International (Pakistan) en VO
NY Daily News (USA) en VO
Time-Global Spin (USA) en VO
Julien Lathus