Alors que l’année 2012 avait été porteuse d’espoirs sur la voie de la normalisation des liens entre l’Inde et le Pakistan, 2013 a débuté dans le sang et sous les balles. Dès les premiers jours de janvier, une série d’incidents le long de la frontière dans le Cachemire a mené les 2 pays à des récriminations mutuelles alors que les 2 gouvernements cherchaient à ne pas les laisser saper les avancées diplomatiques.
Pourtant, entre les annonces faites pour rassurer et les faits, un certain fossé se creuse, alimenté par les extrémistes en tout genre allant de la droite nationalistes hindous aux militants radicaux pakistanais. Entre ces personnes et organisations peu enclin à la paix entre l’Inde et le Pakistan, le ballet des politiques au pouvoir offre un spectacle poussif qui ne semble pas vraiment savoir ce qu’il veut. C’est particulièrement le cas pour l’Inde, qui regrette à demi-mots l’incidence des évènements du Cachemire sur le processus de paix.
« Rien ne sera plus pareil maintenant » affirmait le premier ministre indien Manmohan Singh dans les jours qui ont suivi les accrochages au Cachemire. De leur côté, le gouvernement pakistanais tentait de désamorcer la crise en appelant au dialogue tout en mettant en garde contre une incontrôlable et regrettable surenchère belliciste. Face à la situation, toute une série de questions émergent sur la dynamique de la normalisation des relations des « 2 frères ennemis » d’Asie du Sud.
Depuis le début d’année, plus aucun rendez-vous à l’horizon entre les diplomates et les politiciens indiens et pakistanais alors que les dossiers sur la table des négociations s’amoncellent. Si l’Inde s’inquiète des militants islamiques prêt à tout pour faire dérailler le processus et faire du Cachemire un terrain du djihad, le Pakistan voit dans la non-résolution du statut du Cachemire, le terreau de l’empoisonnement des relations bilatérales entre les 2 pays.
Au regard de la masse de travail qui attend l’Inde et le Pakistan, ce dernier semble pour le moment un peu plus enclin que l’Inde au retour des négociations. Une dynamique observée par le président de la république indienne, Raja Pervez Ashraf, qui depuis Londres reconnait les efforts pakistanais dans ce sens et indique que cette volonté fait reprendre à leurs relations bilatérales une « bonne direction ».
Néanmoins, l’équilibre reste précaire. Les récents attentats d’Hyderabad ont plané le spectre du militantisme pakistanais au-dessus de la nation indienne et d’importants changements peuvent surgir alors que le Pakistan vit au rythme des élections législatives qui devraient se tenir en mai prochain. Selon les sondages, le Parti du Peuple Pakistanais (PPP), social-démocrate pourrait laisser la place à la Ligue Musulmane du Pakistan de Nawaz Sharif, libéral sur les questions économiques mais plus conservateur sur les questions de société. L’Inde attend-t-elle un nouvel interlocuteur pour relancer le processus de paix ? En tout cas, les avancées faites depuis 2010 et la reprise du dialogue indo-pakistanais auront marqué le mandat du PPP sous l’impulsion du président Asif Ali Zaradri et de la ministre des affaires étrangères, Hina Rabbani Khar.
Julien Lathus