Un rapport préparé pour la 22ème session onusienne sur les droits de l’homme est particulièrement critique envers le gouvernement du Sri Lanka pour le peu de progrès enregistrés dans les domaines de la justice et de la réconciliation. Si néanmoins quelques efforts sont enregistrés dans la reconstruction et la réinstallation des déplacés, le Haut commissariat aux droits de l’homme fait part de son inquiétude face aux sérieuses violations de ces droits fondamentaux.
Trois ans après la fin de la guerre civile, la poursuite d’assassinats extrajudiciaires, d’enlèvements et de disparitions montrent l’urgence de combattre l’impunité qui règne au Sri Lanka. Dans ce sens, de nombreuses recommandations sont faites par la majorité des pays membre de l’ONU. Elles concernent principalement le renforcement de l’application des lois et le processus de réconciliation entre la majorité cinghalaise et la minorité tamoule. La commission regrette également l’engagement inadéquate de la société civile pour soutenir ce processus et ce malgré l’émergence de plusieurs mouvements qui restent discrets face au pouvoir en place.
« Les actions entreprises par le gouvernement pour enquêter sur les sérieuses allégations de violations des droits de l’homme jusqu’ici manquent d’indépendance et d’impartialité pour inspirer confiance » note le rapport. Face à cette situation, la haute commission propose plusieurs points d’assistance technique et des recommandations pour aider le gouvernement à résoudre au mieux cette crise. Elle met surtout en lumière la nécessité d’enquêtes internationales crédibles portant sur les allégations de violations multiples.
On peut noter dans le rapport, les condamnations relativement ambigües de la Grande-Bretagne envers les violations des droits de l’homme dans ce rapport. Notant avec « satisfactions les progrès accomplis dans la normalisation de la situation », elle se dit néanmoins « préoccupée par les agressions et les intimidations perpétrées à l’encontre des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des professionnels du droits ».
Cette position peut s’expliquer au prisme des dernières investigations du quotidien britannique The Independent qui révèlent importantes ventes d’armes de la Grande-Bretagne au régime brutal en place au Sri Lanka. Selon des renseignements puisés sur les chiffres du gouvernement, les autorités britanniques ont vendu pour plus de 3 millions de £ d’armes au Sri Lanka, alors que le Foreign Office classe toujours le Sri Lanka comme une nation où les droits sont fréquemment abusés.
Ces ventes montrent la manière dont le gouvernement du président Mahinda Rajapaksa a été réintégré dans le concert des nations par l’achat d’armes aux Britanniques, en dépit du comportement brutal des forces armées dans les derniers mois de la guerre. Près de 60 000 personnes avaient alors perdu la vie dans les premiers mois de 2009. La destination finale de ces armes n’étaient pas connues mais une note de bas de page sur les documents britanniques indiquent que certaines pourraient être utilisées dans le cadre de la lutte anti-piraterie maritime. En tout cas, des mesures susceptibles de dédouaner le gouvernement du Royaume-Uni même si les ventes d’armes n’arrivent pas toujours à bon port.
Sinon, il reste aux autorités britanniques le pouvoir de répondre que « nous devons nous engager avec des gouvernements que nous n’aimons pas trop et que les armes sont des produits qui représentent une part vitale de nos exportations», ou encore « mais si nous ne fournissons pas des armes au gouvernement sri-lankais, d’autres, moins regardants encore le feront » lit-t-on dans un édito de The Independent.
Sources :
The Independent (Grande-Bretagne) en VO ici et là.
Rapport du Haut Commissariat des Droits de l’Homme de l’ONU en VO.
Julien Lathus