Après plusieurs années de militantisme qui lui ont coûté plusieurs fois la prison et la torture, Mohamed Nasheed était devenu en 2008 le premier président élu démocratiquement aux Maldives. Trois ans après, il fut contraint de signer sa démission sous la pression des armes de la police et de l’armée.
Durant son mandat, Mohamed Nasheed est devenu l’un des présidents les plus respectés au monde pour son combat pour la démocratie et son fort engagement écologique, en dénonçant le réchauffement climatique.
Depuis son renversement, il se bat pour restaurer la démocratie dans son pays et pour ne pas laisser l’archipel tomber sous un régime dictatorial. Grand allié de l’Inde, il se prononce ouvertement pour la dominance de ce pays dans l’océan indien au moment où la Chine tente d’y installer son influence via le Sri Lanka.
L’ex-président se rend en Inde ce mardi pour chercher des soutiens dans sa campagne pro-démocratie et pour l’organisation d’élections rapides. A la veille de ce départ, le journal indien Firstpost s’est entretenu avec lui depuis Malé, la capitale des Maldives. Extraits.
Qu’est ce qui vous amène en Inde ?
Comme vous le savez, le premier gouvernement démocratiquement élu des Maldives a été victime d’un coup d’état le 7 février dernier. Il est très important que la démocratie soit rétablie au plus tôt.
Le régime dictatorial devrait cesser et le peuple devrait pouvoir choisir le gouvernement de son choix. Le régime actuel, qui n’est pas supporté par la volonté du peuple, est particulièrement autoritaire. Je cherche en Inde un soutien pour imposer des élections libres le plus rapidement. Nous voulons montrer à l’Inde à quel point son aide peut nous être utile.
Pensez-vous que l’Inde à une telle influence ?
Bien évidement, l’Inde est particulièrement influente aux Maldives en tant que puissance économique et militaire. Nous croyons en une forte médiation de la part de l’Inde. Ce pays détient un rôle suprême dans l’océan indien. Pourtant, lors du coup d’état, l’Inde aurait pu faire beaucoup plus.
L’Inde a certaines difficultés à établir une politique étrangère dans l’océan indien, ce que nous pouvons comprendre, mais elle est une importante puissance démocratique. J’ai un profond respect pour l’Inde, pour ses principes démocratiques comme pour l’Inde en tant qu’idée même. Je suis sûr que nous pouvons faire beaucoup pour le retour rapide de la démocratie aux Maldives.
Vous vous êtes rendu récemment aux USA et les médias semblent suggérer que vous y avez reçu un soutien encourageant.
Oui, la réponse des USA a été encourageante. Ils semblent en adéquation avec la capacité des Maldives à organiser des élections d’ici le mois d’août. Pour eux aussi, le plus tôt sera le mieux.
Vous êtes perçu comme un grand ami de l’Inde, particulièrement dans le contexte de la croissance des ambitions géopolitiques de la Chine dans l’océan indien. Êtes-vous toujours dans cette dynamique ?
Absolument ! Je suis en total accord avec une hégémonie indienne dans l’océan indien. Comme je l’ai évoqué auparavant, j’ai un profond respect pour l’Inde en tant que nation démocratique et pour ces principes.
Etes-vous optimiste pour le futur des Maldives ?
Je le suis fortement, oui. Je suis sûr que le retournement de situation pour nous sera encore plus important que la dernière fois.
On suggère que l’islamisme radical est en hausse aux Maldives. Qu’en est-t-il ?
L’islamisme radical est un problème que nous devons traiter avec sérieux. Il est croissant dans l’archipel. Le régime actuel s’est servi de leur soutien pour le coup d’état. Comme vous le savez, durant le renversement, ils criaient « Dieu est grand ».
Vous aviez été le premier élu démocratiquement aux Maldives et vous êtes tombé prématurément lors du coup d’état. Si vous êtes à nouveau élu, vous assurerez vous que la dictature ne décapite pas le gouvernement à nouveau ?
Nous avons besoin de rapides réformes de la police et de l’armée. C’est avec leur aide qu’ils ont imposé ce renversement politique. Dans un premier temps, nous ne pourrons prendre que des réformes sur l’élection présidentielle et sur celles du parlement.
Des réformes judiciaires ne peuvent être entreprises. Ce système est ancien et toujours un vestige du régime dictatorial de plusieurs décennies de Gayoom. Beaucoup de choses doivent être changées. Et les réformes peuvent promouvoir à une assise plus forte de la démocratie.
Etes-vous optimiste du soutien de l’Inde dans ces élections à venir ?
Absolument ! Nous tentons de rencontrer les membres du gouvernement comme tout autant de responsables politiques.
Source :
The Firtspost (Inde) en VO
Julien Lathus